N°130 Juin 2000

Le LIbérateur journal de la Croix Bleue

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Editorial

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                 LES VACANCES

Ah, les vacances ! .... Ce sont les mots qu'on entend actuellement dans tous les coins de couloir, chacun y allant de sa destination, de ses activités ou projets prévus pendant ce laps de temps.

C'est une période qui, en général et en principe, est mise à profit pour éliminer le stress accumulé le restant de l'année. C'est très amusant de détecter le nombre de moyens que l'individu peut inventer pour tenter d'y parvenir, en général selon ses possibilités et son statut.

Cela va du traditionnel séjour au bord de mer ou à la campagne ; ce peut être de longues randonnées en montagne comme, simplement, de rester chez soi en se laissant guider par le lever et le coucher du soleil. On peut aussi en profiter, comme certains, pour retaper sa maison ou celle de ses amis ou enfants.

Il y a aussi une grande majorité parmi nous qui fait beaucoup de projets, trop peut-être, qui n'aboutissent pas parce qu'on voit trop grand et/ou que les journées sont trop courtes, ce qui est quand même le comble en plein été.

On peut citer également les plus audacieux qui tentent de faire toutes sortes de prouesses comme les sauts à l'élastique ou encore le séjour dans des grottes et dans des endroits inaccessibles...

J'en ai connu également qui ont mis cette période à profit pour essayer de couper le lien qu'ils ou elles avaient avec l'alcool ; je pense que ce n'était pas l'idée la plus mauvaise, bien au contraire. Les vacances sont un moment à part dans l'année ; autant en profiter pour faire quelque chose à part et essayer de profiter de cette vie sans alcool qui est pleine d'espérance.

A partir de là, peu importe les goûts de chacun ; nous pouvons nous laisser aller vers les destinations ou les prouesses qu'on désire. L'esprit étant libre, toutes les idées peuvent faire partie de nos possibilités ou de notre imaginaire.

Alors, bonnes vacances à toutes et à tous, profitez en bien et revenez-nous en pleine forme à la rentrée !

Maurice ZEMB


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                   Revenu de loin….

Il avait dix-sept ans Lorsque, à la suite d'un grave accident de la circulation, il passa huit mois entre l'hôpital et le Centre de rééducation fonctionnelle. Et c'est dans ce Centre que tout a commencé à la bière : entre les séances de rééducation et les jeux de cartes.

Puis  d'année en année ce fut la descente aux enfers, et cela a duré vingt ans. Lors d'une consultation chez notre médecin de famille qui lui proposait une cure à Letrat, il se leva de son fauteuil comme un ressort en disant : "Ah, çà jamais!".

Après la bière, ce fut le vin qu'il buvait seul, au comptoir.

Evidemment, il fut licencié à de nombreuses reprises.

Première crise d'épilepsie, le jour des fiançailles d'un de ses frères, car il était en manque ayant voulu ne pas décevoir son entourage, ce jour là.

Puis deuxième crise, lors d'un séjour à la campagne où là encore il était en manque. Ne parlons pas des retours titubants car il venait prendre ses repas à la maison. Puis ce fut une crise de "delirium tremens". A ce moment là nous avons cru qu'il n'y avait plus rien à faire pour lui.

S'en suivirent de nombreux séjours dans les hôpitaux ; mais les médicaments ne guérissent pas ce genre de maladie.

De retour, c'était l'angoisse de le voir rentrer chaque soir, ou de ne pas le voir car, trouvé ivre mort sur la voie publique, il était transporté à l'hôpital. Lorsque nous partions en vacances, c'était toujours la même angoisse de savoir où nous allions le retrouver à notre retour, et dans quel état!

Nous allions voir les médecins, les "psy", et chaque fois c'était la même réponse : "Vous ne pouvez rien faire pour lui si lui-même ne veut pas se faire soigner".

Puis, ce fut la rencontre avec la CROIX BLEUE, nous redonnant confiance et courage. Mais fallait il, là encore, qu'il se décide à faire la démarche. Après deux demandes de cure auxquelles il n'avait pas donné suite, le 7 février 1993 il est allé à Virac pour trois mois.

Dès sa première lettre, il regrettait de ne pas avoir fait cette démarche plus tôt. Au bout d'un mois, nous allions lui rendre visite : lui qui était renfermé, affichait un beau sourire.

Rentré de postcure, il a fait un stage et maintenant travaille d'une façon régulière, donnant toute satisfaction à son employeur. Il vient manger à la maison quand il veut. Lorsque nous avons des amis ou une réunion de famille, il y participe. Tout le monde veille cependant à ne pas lui offrir de boissons alcool- Ses neveux et nièces l'aiment beaucoup car il est calme et parle avec eux. Lorsque nous partons en vacances, plus de soucis. Nous le savons responsable. Il organise sa vie en fonction de son travail et de ses activités.

Il reconnaît lui-même que toute la famille l'a aidé à surmonter cette étape que nous avons oubliée maintenant.

Témoignage des parents de Gérard 


                                               Quand Henri buvait

Les vacances étaient le meilleur, moment de l'année (pour moi!). Il buvait beaucoup trop. Quand je le lui disais, c'était la dispute car, me répondaient il, il buvait comme tout le monde

Mais il était capable de faire l'effort de se passer d'alcool pendant les repas à la maison et pendant les vacances.

Pour me démontrer qu'il n'était pas alcoolique, que ce que je disais était faux, il ne buvait jamais d'alcool devant moi. Aussi, lorsque nous partions en vacances avec nos deux filles, pour moi, c'était une période heureuse. Je "décompressais"; plus de questions: Comment va t il être? Que va t il se passer? Est-ce que je vais pouvoir supporter? Y aura t il encore une dispute? Non, il était là, regardant les amis qui buvaient le pastis, mais lui buvait un Perrier 1

Je ne savais pas, à l'époque, ce qu ' était la dépendance.

Cela me faisait plaisir de le voir agir ainsi. Je réalise aujourd'hui le calvaire qu'il endurait. Moi, je ne m'en rendais pas compte. Passant quinze jours à Paris pour faire connaître la Capitale à notre fille aînée, il me reste le souvenir d'un mari qui traînait toujours la patte, qui n'était pas très enthousiaste durant les visites du Louvre... Montmartre... toujours fatigué, triste; il ne participait pas à notre joie d'être ensemble et d'admirer de belles choses. De temps en temps, il devait s'échapper pour consommer une bière "à la va vite", mais c'était presque un sevrage complet. Il s'imposait cela parce qu'il savait qu'en rentrant à la maison il pourrait boire de nouveau.

Lorsqu'il reprenait son travail, là, il rattrapait le temps perdu. Il rentrait le soir à la maison dans un état pas possible 1 La vie infernale reprenait ...

A un retour de vacances, la consommation avait été tellement importante qu'il en a été malade. J'ai décrété que je ne pouvais plus vivre avec lui. Il a décidé de se faire hospitaliser et de s'arrêter de boire. J'ai cherché une Association qui puisse l'aider. Nous avons rencontré la Croix Bleue qui nous a secourus tous les deux. Henri avait besoin de savoir qu'il était possible de vivre sans alcool, et moi, de comprendre ce qui était arrivé à mon mari afin que je puisse pardonner et avoir à nouveau confiance en lui.

L'année d'après, c'était Henri qui organisait les vacances. Il nous a fait connaître la Bretagne et le Centre de Postcure Croix Bleue de Lorient où il avait fait un séjour. Il ne traînait plus les pieds ; c'était lui notre guide. Il n'était plus triste ; au contraire, il était fier de nous faire connaître une région qu'il avait découverte au moment où il revenait à la vie. C'était là, qu'il avait pris la décision, quoi qu'il arrive, de ne plus toucher à l'alcool. Et cela fait vingt et un ans que cela dure... Pourquoi pas vous ?

Huguette SALIN

 

 

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