Oui, le vin est une boisson alcoolisée

SERGE SOULIE

Oui, le vin est une boisson alcoolisée

Après le président de la république qui avait laissé entendre que le vin n’était pas un alcool comme les autres et encourageait les français à boire un verre de vin à midi et un le soir en se donnant comme modèle, un autre membre du gouvernement, le ministre de l’agriculture reprend ce même refrain.
Seuls seraient dangereux les alcools forts que les jeunes boivent en boîtes de nuit. C’est oublier que 30% des français boivent du vin tous les jours, 46% tous les week-ends et que la France est classée troisième en Europe pour la consommation de vin après l’Italie et le Luxembourg.
Enfin c’est oublier qu’en 2017, 5095 accidents impliquaient une personne alcoolisée et 778 des accidents mortels étaient dus à l’alcool. Pourquoi parle-t’ on de la sécurité routière pour passer à 80 km / h et rien n’est dit sur l’alcool qui cause chaque année un tiers des décès sur la route ? Le vin est un alcool comme les autres, c’est une vérité scientifique rappelée par tous les spécialistes qui se veulent rigoureux dans leur pensée.
La nuisance de l’alcool sur la route est mesurée par des enquêtes et des statistiques, rien ne mesure les conséquences de l’alcool dans les violences conjugales, familiales et dans la société.
Ce que ne dit pas notre gouvernement c’est que les lobbies des alcooliers font la loi au parlement. Le droit d’accise (impôt) sur le vin est de 1%. Il est de 32% sur les alcools forts et 65 % sur les paquets de cigarettes. Le vin est beaucoup moins taxé en France que dans bien d’autres pays de l’Union Européenne. Quelques mesures simples pourraient sauver de nombreuses vies sur les routes comme alcoolémie 0 pour prendre le volant, droit d’accise à 32% comme pour les alcools forts, publicité sur les alcools totalement interdite.
On a cru que la reconnaissance de l’alcoolisme comme maladie était un progrès. Il est vrai en effet qu’il fallait sortir du jugement de l’alcoolisme comme vice. Culpabiliser l’alcoolique en lui faisant de grandes leçons de morale n’est pas la solution pour qu’il se débarrasse de cette passion. Ce faisant, faire de l’alcoolisme une maladie c’est déresponsabiliser le buveur excessif. C’est lui faire croire qu’il n’est pas responsable de son addiction, qu’elle lui est tombée dessus comme la grippe ou le cancer. Par ailleurs, la médecine s’est emparée du problème sous prétexte que le produit par ses effets crée l’appétence. La faute vient du produit et pas du fait de l’absorption. Les associations d’anciens buveurs ont été décrédibilisées, à l’exception des Alcooliques Anonymes qui ont un programme précis, parce qu’elles cherchaient comment transmettre à la personne dépendante, le désir et la force de se dégager des liens de l’addiction.
La médecine, en lieu et place de cette énergie et de cette envie d’en sortir a prescrit des médicaments, ceux qui vous rendent malades lorsque vous buvez (disulfirame), puis les médicaments de soutien. Aujourd’hui ajoutons baclofène, nalméfène (selincro) prescrits pour maintenir l’abstinence ou réduire la consommation. A ces médicaments s’ajoutent le plus souvent des psychotropes agissant sur l’état du système nerveux, le buveur étant considéré comme dépressif.
Ces médicaments s’avèrent peu efficaces, ou impactent fortement les moyens de penser et de réagir de la personne. Nous avons pu le constater en observant plus de 1200 personnes sur douze ans. Les personnes arrivant à se débarrasser définitivement de l’alcool sont ceux qui ont renoncé à toute médicamentation.
Une question se pose aujourd’hui. Pourquoi accorder autant de pouvoir au produit dans l’addiction aux drogues et à l’alcool alors que l’utilisation d’opiacée chez les grands brûlés par exemple ne laisse pas de dépendances ? Ou encore, comment se fait-il que l’on puisse devenir addict au jeu ou au sexe alors qu’il n’y a pas de produit ingéré ? Ceci montre bien que la dépendance est due à une crise de l’existence qui ne fait que s’aggraver sous les effets de l’alcool ou de la drogue. C’est cette crise que se proposaient de régler les mouvements d’anciens buveurs mis hors-jeu par le médical. Peut-être faudra-t-il y revenir en précisant les moyens et les programmes qui permettront d’atteindre cette crise existentielle. Une chose est sûre : ces mouvements ont l’avantage de privilégier l’aspect insertion dans un groupe lorsque l’on sait que la dépendance isole et perturbe la vie sociale.
Quant à l’abstinence totale, elle est un garde-fou prudent voire indispensable et non une contrainte lorsqu’elle fait suite à un choix de vie. Il y a des végétariens, des végétaliens, des végans… pourquoi pas des hommes et des femmes qui choisissent de ne pas prendre de l’alcool ?

Serge SOULIE
Ancien Directeur de VIRAC
Centre de post cure CROIX BLEUE