N°140
Mars 2003

Le LIbérateur journal de la Croix Bleue

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Editorial 

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Un automne rythmé par de dramatiques inondations, un hiver très froid et neigeux nous font, à l'orée de ce printemps,
participer avec joie à l'éveil d'une dame nature encore assoupie sous les frimas récents.
Les jours rallongent, les premiers bourgeons vont apparaître, une douce chaleur nous environne,
le renouveau est là. Celui du climat, des arbres et des fleurs mais aussi des êtres qui retrouvent,
dans cet environnement et malgré les bruits de bottes, une propension aux sourires et à l'espérance.
C'est aussi le renouveau qui a inspiré l'équipe de rédaction pour réaliser ce numéro.
Nous avons ainsi voulu mettre en exergue cette période incontournable, vraie, forte de la vie des personnes alcooliques,
ce temps qui va leur permettre de passer de l'aliénation à la liberté, de la contrainte à la conviction.
Beaucoup de témoignages viennent illustrer ce vécu, dont certains exprimés par d'anciennes pensionnaires
de la Presqu'île au travers de ses différentes publications.
Merci à vous, Doris, Annie, Marie-Paule, Thérèse, Sylvie, merci à vous chrysalides d'un soir...., papillons d'un matin.
L'obligation de rupture avec l'alcool n'a de sens que si lui succèdent les premières manifestations de la responsabilité,
liées à des choix exprimés, mis en place et qui vont concrétiser ce renouveau. Vécus,
ressentis, options possibles sont évoqués par des amis impliqués à des titres divers dans la Croix Bleue.
Nous avions apprécié son intervention lors de notre Congrès de Metz, nous avons donc demandé à Helga Demet Brunwasser,
de porter un regard de professionnelle du comportement sur ce sujet.
Mais le renouveau, c'est aussi la vie de notre association. Dans nos centres tout d'abord avec la signature,
à Lorient, d'un important contrat d'objectifs et de moyens ; mais aussi dans nos sections,
avec les membres actifs et les centaines d'amis du secteur médico-social à qui nous adressons,
en même temps que notre Libérateur, un cordial salut et l'espoir d'un partenariat pérenne et efficace.
Ces sections dont on a beaucoup parlé récemment avec la rencontre fin février à Achères de leurs responsables
pour évoquer leurs problèmes bien sûr, liés à l'animation et à la guérison, mais aussi pour formuler des projets réalistes et clairs.
Et si c'était le renouveau pour tous… ?  Espérance, quand tu nous tiens.
Beau printemps à tous.
Bernard Leday
Président

 



De l'obligation et du choix

Dans la trajectoire du malade, à un moment donné de sa vie, il se trouve face à la notion "d'obligation" et/ou de "choix".
Il est vrai que dans mon cadre de travail, je rencontre des patients qui sont "amenés" là par divers intervenants
(famille, travailleurs sociaux, médecins généralistes, employeurs, justice, etc.).
Lorsque le patient arrive à l'hôpital, la situation est déjà compliquée. Il peut s'agir d'une première démarche,
"poussé" par la famille ou le milieu professionnel ou encore de nombreuses tentatives de sevrage ambulatoires qui ont échoué, etc..
Bien entendu le patient tente de se persuader et de nous persuader qu'il s'agit d'une démarche volontaire et motivée,
ce qui est certainement vrai au moment où il le dit.
Si l'on part du postulat que la dépendance est "la perte de la liberté de s'abstenir" comment le patient retrouve-t-il
assez de liberté pour prendre une décision librement consentie ?
Au début de ma prise de fonction, j'étais étonnée du nombre de rechutes.
J'ai mis au point un questionnaire afin de tenter de comprendre si, dans chaque cas,il y avait une "pression",
une obligation, ou s'il s'agissait d'un libre consentement du sujet.
Sur 20 cas observés, 18 étaient soumis à une pression, soit de l'entourage familial, médical, social,
soit une pression interne se manifestant sous forme d'angoisses et de peurs, de demandes et de désirs,
une tension psychique importante et insupportable pour le malade.
Ces pressions ont un rôle très important puisque qu'elles amènent le patient à réagir, à chercher à faire baisser la pression,
tant externe qu'interne d'ailleurs.
L'obligation de soins, qu'elle émane du milieu judiciaire, social, familial, médical, renvoie tout naturellement à la notion
de pouvoir qui permet de dire ou faire, de faire faire, de protéger ou de sanctionner, d'autoriser ou d'interdire, et ce,
au travers de toutes les relations sociales.
Le pouvoir est un élément que l'on rencontre très fréquemment dans la prise en charge du malade ;
par exemple tel thérapeute qui dit très clairement au malade que s'il cesse ses entretiens
(ou tel membre actif qui dit clairement à l'accompagné que s'il cesse la fréquentation de la section)
il rechutera sans aucun doute : pouvoir, chantage…
La réflexion sociologique s'est orientée dans des directions différentes afin de rendre compte (d'expliquer)
de ce pouvoir omniprésent, voire présent comme dans l'exemple ci-dessus :
1/ Le pouvoir est un mode de relation entre individus ou groupes qui mobilise des ressources pour occuper la situation
la plus favorable possible.

2/ Le pouvoir se caractérise par des positions statutaires inégales autorisant certains à commander et d’autres à obéir.

3/ Le pouvoir est une exigence inhérente au fonctionnement des ensembles sociaux organisés.
Dans la pathologie (alcoolisme) qui nous occupe, ces trois modes de pouvoir coexistent.
Il semble toutefois que le troisième mode fonctionne dans le sens où il fait appel à la recherche d'un mieux être psychosocial
tant pour la personne alcoolique elle-même que pour son entourage et sa réinscription dans le tissu social.
Dans son livre " la dépendance " Albert MEMMI indique que la dépendance est en elle-même une contrainte :
la dépendance n'est pas toujours de bon aloi, la dignité exige que l'on clame par dessus tout sa liberté,
(celui) qui est assujetti est méprisable, peut être dangereux pour le groupe, elle est pour le moins (la dépendance)
un aveu de sa faiblesse, d'une incapacité à trouver en soi-même les ressources nécessaires pour s'en sortir.
Le dépendant peut obtenir l'indulgence du groupe s'il a démontré son impotence (de in – privatif et posse : pouvoir)
et s'il se plie à certaines règles.
L'on en revient donc à la notion d'obligation, ce qui ne déplaît pas foncièrement au malade qui a souvent la crainte
de se trouver livré à son comportement dépendant et de tomber dans un gouffre dont il lui sera difficile de sortir.
Il réclame confusément de l'aide afin de se déprendre (libérer) de son produit. La seule issue est alors de faire appel à autrui
Alors, obligation ? Choix ?
Choix obligatoire me paraît convenir assez bien, car en mettant en parallèle tout ce que l'alcool peut faire perdre et tout ce
qu'il est possible de gagner en "choisissant de vivre autrement", la décision est évidente. Alors pour quelle raison est-ce si difficile ?
Dans ce raisonnement l'on oublie le facteur rituel qui est un exorcisme permanent contre une angoisse ou une éventuelle menace extérieure,
qui peut être également une manière de communiquer.
L'on peut arriver à ce "choix obligatoire" avec une aide sérieuse, médicale, psychosociale, etc.,
ainsi qu'avec le soutien amical et éclairé des mouvements.
H. DEMET BRUNWASSER
Assistante sociale Thérapeute systémicienne relaxologue

EHLAM METZ

 

 
 
 

 
 

 

Rencontre des présidents de sections
Répondant à l'invitation du Conseil d'administration, une bonne cinquantaine de présidents de section étaient présents à Achères (78)
les 22 et 23 février, à l'occasion de leur traditionnelle rencontre placée sous le signe de l'espérance.
A l'occasion de son allocution de bienvenue, le président, Bernard Leday, a rappelé que nos précédentes rencontres avaient été
très largement occupées par les débats concernant nos nouveaux statuts et règlement intérieur. Ces textes sont maintenant adoptés
par les autorités compétentes.
Dans ces conditions, il a invité les participants à réfléchir au cours de ces deux journées sur deux aspects importants et
souvent délicats à gérer de leur responsabilité à savoir :
• l'animation des sections dont ils ont la charge,
• l'accompagnent des personnes alcooliques par les membres attachés à ces sections.
Il a proposé que la dernière demi journée soit consacrée à l'élaboration de projets dont les définitions possibles et déclinaisons avaient
été découvertes ensemble à l'occasion d'une précédente formation nationale.
Les réponses aux questions, supports des réflexions proposées, ont été riches et feront l'objet d'un compte rendu diffusé prochainement.
Il en va de même pour les projets à l'exception du projet du président qui, faute de temps, n'a pu être élaboré;
il est vrai qu'il s'agissait d'un projet global pour toute l'association à réaliser par… les participants eux-mêmes!
A l'issue de la première journée, au cours d'une soirée détendue, le président a animé un débat général concernant les préoccupations
immédiates et locales telles que la formation, la formulation de la dimension spirituelle, les  membres  sympathisants,  le Libérateur…

Rendez-vous en… 2005, avec les mêmes objectifs de mieux se connaître dans un partage fructueux pour toutes et tous
.