N°147
Décembre 2004

Le LIbérateur journal de la Croix Bleue

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EDITORIAL : NOEL EN PROVENCE

Le week-end de formation du groupe Sud-Est qui s’est déroulé les 29 et 30 octobre 2004 à La Roque d’Anthéron, dans un décor de rêve, a accueilli les sections d’Arles, Montpellier, Salon-de-Provence et les sections en formation de Pont-Saint-Esprit et du Tarn. Au total, quarante-quatre participants réunis dans un village de vacances, la Baume*, pour apprendre des nouveaux chants de la Croix Bleue et concevoir le Libérateur de Noël. Alain Charpentier, directeur de l’association, a animé cette rencontre.

Le résultat des travaux intenses de ces deux journées vous est présenté dans les pages qui vont suivre. Ce numéro du Libérateur a été pensé, conçu, écrit par les participants à ce week-end. Le thème retenu est en phase avec l’actualité : Noël ! : Ce thème n’avait pas été traité dans nos colonnes depuis 1992.

Le samedi, des travaux de groupes, de remue-méninges ont permis aux acteurs de dégager des idées fortes. Le dimanche, les cinq thèmes principaux ont été visités, approfondis et les partages riches. Pour les personnes présentes, Noël est synonyme de :

  • réconciliation : la réconciliation avec soi-même, avec les autres, avec Dieu ;

  • naissance : c’est d’abord la fête solennelle de la naissance de Jésus-Christ célébrée le 25 décembre en chrétienté depuis le IV ème siècle.

Chacun s’est exprimé. L’écoute a été exemplaire, l’émotion très présente, le dynamisme du groupe étonnant. Les thèmes se sont élaborés au fil des partages.

Ce travail collectif a débuté à La Roque. Chacun est reparti chez lui avec la consigne  stricte d’adresser le texte qu’il s’était engagé à réaliser dans les quinze jours.

La réussite de ces travaux serait que vous vous imprégniez de cet exemplaire du Libérateur avec la même conviction éprouvée par les membres du groupe Sud-Est lors de sa préparation. C’est un peu de leur Provence que vous découvrirez ici : les couleurs, les senteurs, l’accent du midi… Les lecteurs de l’Ouest, du Nord ou de l’Est se retrouveront, bien entendu, dans ce travail collectif. Ce n’est pas un catalogue de la Provence mais des réflexions, des écrits, des partages, des émotions, des pans de vie, des messages d’espoir, d’espérance que nous avons pour habitude de vous transmettre.

Les rubriques habituelles sont un peu bousculées puisque les témoignages habituellement dans la première partie du journal se retrouvent dans le corps du dossier. La vie des sections de la France entière a été maintenue.

Ce mode de préparation a permis aux participants d’être au cœur de la préparation des sujets du Libérateur. Tous ont été enchantés. Vous le serez aussi. 

Alain Charpentier

* La Baume : la grotte dans le Sud-Est de la France. C’est dans cette grotte qu’est né le nouveau Libérateur.

 

 

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Traditions provençales : un peu d'histoire

Aujourd'hui nous avons le réflexe d'employer les initiales P.A.C.A (Provence, Alpes, Côte d'Azur) mais la vraie Provence, c'est où ?

On peut dire que c'est le territoire qui se situe à l'est du Rhône dont la frontière serait une ligne qui part de Bollène au nord, qui passe par Forcalier, puis Draguignan pour finir dans la Méditerranée. C'est le pays qui parle la langue d'Oc (ou Occitan). La Provence englobe les Bouches du Rhône, le Vaucluse, le sud-est des Alpes et l'est du Var.

Depuis toujours c'est le pays de la vigne, de l'olivier et des champs de lavande. Les peintures de la grotte sous-marine Cosquer (entre Marseille et Cassis) témoignent de la présence humaine dès 27 000 ans avant Jésus-Christ. En l'an 600 avant J.C. , Marseille (baptisée Massilia) fut fondée par les Grecs de Phocée (Golfe de Fos). En l'an 100 avant J.C. les légions romaines pénètrent en Provence : Arles, Saint Rémy, Orange, Vaison, etc. témoignent de cette colonisation. Les romains l'appellent la « provincia l'Italia » qui va devenir la Provence.

Dès le IIIè siècle le christianisme apparaît en Provence ; les premiers monastères s'érigent. Avec la chute de l'Empire Romain, la région voit défiler les Barbares. En 855 le Royaume de Provence est créé. En 1155, par héritage, elle passe aux mains des Comtes de Barcelone et de Toulouse. En 1426, après la mort du dernier Comte de Barcelone dont la fille a épousé le frère du Roi Saint Louis, la Provence devient angevine. A sa mort, le dernier Comte d'Anjou laisse par testament la Provence à Louis XI, roi de France. En 1486 les Etats de Provence ratifient cette union à la France. Pour finir, en 1531, l'édit Villers-Cotteret impose l'usage du français, ce qui n'empêche par notre « patois provençal » de subsister. La Provence a son enclave : c'est le Comtat-Venaissin : le territoire des papes qui englobe Avignon, Carpentras, Cavaillon, Orange et Apt.

Ces terres de Vaucluse, bordées par le Rhône, la Durance et le Ventoux ont été données en 1274 par le roi Philippe III le Hardi au pape Grégoire X lors du schisme avec l'Eglise romaine.

Le Comtat-Venaissin ne rejoint la France qu'en 1791. Il a donc appartenu plus de cinq siècles au Saint Siège.

Daniel Dupuy (Section Salon de Provence)

 

 

 

Randonnée - GR 4 en Provence

Entre Grasse (06) et Pont-Saint-Esprit (30), le GR 4 (sentier de grande randonnée n° 4) traverse des sites renommés tels que le grand canyon dans les gorges du Verdon, le Lubéron ou le mont Ventoux.

400 kilomètres qui m'ont permis de découvrir, à travers des étapes plus ou moins longues (allant de 12 à 28 km/jour) des paysages magnifiques et variés.

En Haute Provence, l'influence conjuguée de la Méditerranée et de la rudesse de la montagne imprègnent le haut pays où les contrastes surprenants sont toujours nuancés d'un charme délicat. Ici l'edelweiss côtoie la lavande, l'olivier et l'amandier voisinent avec les sommets enneigés, les mas provençaux s'installent au bord des alpages.

Il m'est impossible en quelques lignes de vous faire revivre ces trois semaines de marche en solitaire, tellement j'ai découvert d'endroits pittoresques et particuliers et surtout l'attachement fidèle des Provençaux à des traditions de gentillesse, de joie de vivre et d'hospitalité.

La trace de l'homme est partout présente le long de cette traversée : occupation romaine et nombreux monuments religieux pré-romans et romans. Les vieilles fermes et les petits villages s'étagent aux pentes dont ils épousent le relief. La tuile romane est partout présente, et les murs de pierres appareillées, liées au mortier de couleur ocre, accrochent à merveille la lumière dorée du relief provençal. Presque partout les maisons se regroupent autour des rares points d'eau donnant à l'habitat un caractère si chaleureux, particulier aux vieux villages provençaux.

Les fermes : en Haute Provence, on les appelle des campagnes; parfois les grandes fermes sont aussi appelées : bastides et les petites : granges. Il y a la maison, la grange, l'écurie, les étables (avec au-dessus : la fenière), les remises, le pigeonnier. Autour il y a les aires (avec les rouleaux en pierre encore sagement rangés contre les murs ou sous un cerisier), les paillers ou les feniers, et un peu plus loin le rucher.

Les villages : ce sont des villages de lumière, faits de maisons claires aux lignes réduites à l'essentiel, au mortier couleur de pierre, sans ton criard, sans fausse note. Les villages rassemblés sur une falaise (par exemple Sault) étaient fortifiés au Moyen-âge  et ont gardé une partie de leurs châteaux, de leurs tours, de leurs remparts. On y retrouve des hôtels du XVIe, XVIIe ou XVIIIe siècle avec leurs portes admirables, leurs escaliers en pierre de taille, leurs pièces vastes et sombres.

Le pays de la lavande : "la lavande est l'âme de la Haute Provence" disait Jean Giono. La lavande est partout dans ce haut pays. Digne-les-Bains est considéré comme la capitale de la lavande. Mais attention : il y a lavande et lavande.

  • Lavanda Vera, Augustifolia Officiralis sont les noms scientifiques que les botanistes donnent à cette plante aromatique ou plutôt à sa variété la plus noble : la lavande fine ou lavande vraie. C'est la lavande des montagnes rencontrée par le randonneur entre 600 et 1500 mètres.

  • L'aspic ou grande lavande, au port plus élevé et aux feuilles plus larges, est sensible au froid. Elle se trouve donc en dessous de 600 mètres d'altitude.

  • Les plantations de lavande se développent depuis 1925. L'aspic et la lavande vraie sont délaissées au profit du lavandin (hybride naturel) beaucoup plus touffu et qui se prête à la culture industrielle.

L'olivier : les navigateurs phéniciens introduisent la culture de l'olivier en Provence sept siècles avant notre ère ... Les plantations d'olivettes (champs d'oliviers) se développent du XVe au XIXe siècle. L'huile d'olive est la pièce maîtresse de la gastronomie provençale : l'olive verte (cueillie à l'automne), l'olive noire (en hiver). L'olive cassis, l'olive à l'ail sont les compléments indispensables de l'apéritif (sans alcool!). Les petits moulins à huile de villages, considérés il y a peu comme obsolètes, sont réhabilités. Ces magnifiques arbres de paix aux teintes bleutées et au tronc noueux renaissent dans les villages provençaux.

L'amandier : la fine silhouette des cyprès, les herbes de Provence ...

Je ne peux que vous inviter à mettre vos chaussures de randonnée, emporter vos jumelles, un appareil-photo pour découvrir à votre tour cette région de contrastes.

D'autres sentiers sillonnent du nord au sud la Provence. A vous de les découvrir ....

Alain Charpentier

 

 

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Les santons et la crèche en Provence

Eh bien non, les santons ne sont pas 

d'origine provençale mais italienne.

On ne sait pas exactement d'où vient le mot crèche : de l'allemand Krippe, du provençal grupi, du patois crupio ? On peut cependant dire que la tradition de la crèche est d'origine médiévale puisqu'elle aurait été inventée par Saint François d'Assise en Italie au XIIIe siècle, avant de se répandre en Provence au début du XIVe siècle. De même les santoni (petits saints) italiens seraient devenus des santoun provençaux en débarquant à Marseille. Venus donc d'Italie, les premières crèches étaient à l'origine destinées aux églises et constituées de personnages fort simples, faits de papier bouilli ou de plâtre représentant la Vierge et les Saints, le Pape ainsi que moines, évêques et cardinaux.

Très vite, les provençaux s'approprient cette tradition étrangère en remplaçant les saints par des personnages plus proches d'eux, figurant les personnages typiques de leurs villages : le Ravi et le voleur d'enfants, l'aveugle et son fils, Pistachié et Jiget (deux valets de ferme destinés à faire rire), les vieux assis sur leur banc ... Sans oublier tous les petits métiers d'alors : le rémouleur et le meunier, les bergers et le boulanger avec son panier de fougasses, la marchande d'ail et la poissonnière, les valets de ferme portant lanterne, le pêcheur avec son filet sur l'épaule, la femme à la cruche remplie d'eau fraîche ...

Pendant longtemps exposée dans les églises, la crèche provençale entre dans chaque foyer à la fin du XVIIIe siècle. A la révolution la messe de minuit et la crèche furent interdites, les Marseillais prirent l'initiative d'installer des crèches privées ... à leur domicile.

C'est également à un Marseillais, Jean-Louis Lagnel, que l'on doit le premier santon en argile en 1820, et la première foire aux santons en 1830 à la Canebière à Marseille avec trois exposants.

Qu'importe finalement l'origine de cette magnifique tradition, nous vous souhaitons à toutes et à tous un JOYEUX NOËL ET DE BONNES FÊTES DE FIN D'ANNéE !

Michel Delnesse

 

 

 


Récit d'un berger provençal

Extrait des Lettres de mon Moulin d'Alphonse Daudet

Les étoiles

Si vous avez jamais passé la nuit à la belle étoile, vous savez qu’à l’heure où nous dormons, un monde mystérieux s’éveille dans la solitude et le silence.

Alors les sources chantent bien plus clair, les étangs allument des petites flammes. Tous les esprits de la montagne vont et viennent librement. Une fois un long cri mélancolique parti de l’étang qui luisait plus bas, monta vers nous en ondulant. Au même instant une belle étoile filante glissa par dessus nos têtes dans la même direction, comme si cette plainte que nous venions d’entendre portait une lumière avec elle.

- « Qu'est-ce que c’est ? » me demanda Stéphanette à voix basse.

- « Une âme qui entre au paradis, maîtresse. » et je fis le signe de la croix.

Elle se signa aussi, et resta un moment la tête en l’air, très recueillie. Puis elle me dit :

- « C’est donc vrai, berger, que vous êtes sorcier, vous autres. »

- « Nullement, notre demoiselle. Mais ici nous vivons plus près des étoiles, et nous savons ce qui s’y passe mieux que les gens de la plaine. »

Elle regardait toujours en haut, la tête appuyée dans la main, entourée de la peau de mouton comme un petit pâtre céleste.

- « Qu’il y en a ! Que c’est beau ! Jamais je n’en avais tant vu. Est-ce que tu sais leurs noms, berger ? »

- « Mais oui, maîtresse. Tenez, juste au dessus de nous voilà le Chemin de Saint-Jacques (La voie lactée) ! Il va de France droit sur l’Espagne. C’est Saint-Jacques de Galice qui l’a tracé pour montrer sa route au brave Charlemagne lorsqu’il faisait la guerre aux Sarrasins. Plus loin vous avez le Char des âmes (la Grande Ourse) avec ses quatre essieux resplendissants. Les trois étoiles qui vont devant ce sont les Trois bêtes, et cette toute petite contre la troisième c’est le Charretier. Voyez-vous tout autour cette pluie d’étoiles qui tombent ? Ce sont les âmes dont le bon Dieu ne veut pas chez lui. Un peu plus bas voici le Râteau ou les Trois Rois (Orion). C’est ce qui nous sert d’horloge, à nous autres. Rien qu’en les regardant, je sais qu’il est minuit passé. Un peu plus bas toujours vers le midi, brille Jean de Milan, le flambeau des astres (Sirius). Sur cette étoile là voici ce que l’on raconte. Il paraît qu’une nuit, Jean de Milan avec les Trois rois et la Poussinière (la Pléiade) fut invité à la noce d’une étoile. La Poussinière plus pressée partit, dit-on, la première et prit le chemin haut, les Trois rois coupèrent plus bas et la rattrapèrent, mais ce paresseux de Jean de Milan resta tout à fait derrière et furieux leur jeta son bâton. C’est pourquoi les Trois rois s’appellent aussi le Bâton de Jean de Milan. Mais la plus belle de toutes, c’est la nôtre, c’est l’Etoile du berger. Nous la nommons encore Maguelonne qui court après Pierre de Provence (Saturne) et se marie avec lui tous les sept ans."

Et comme j’essayais de lui expliquer ce que c’était les mariages d’étoiles, je sentis quelque chose de frais peser légèrement sur mon épaule. C’était sa tête alourdie de sommeil qui s’appuyait sur moi. Les étoiles continuaient leur marche silencieuse et je me figurais qu’une de ces étoiles avait perdu sa route et était venue se poser sur mon épaule pour dormir.

 

 

Tradition des repas de Noël des 24 et 25 décembre  en Provence

La tradition du « gros souper », ce repas c’est en Provence  le repas familial que l’on prend le soir de Noël après la messe de minuit, tradition incontournable depuis le Moyen-Age qui est encore bien vivante dans beaucoup de familles en Provence.

Au menu du 24 au soir, sept plats maigres en souvenir des sept douleurs de la Vierge Marie. Le repas du 25 midi se veut très copieux. Voici un exemple de ces repas :

Le 24 au soir

- Soupe de Crouzets

- Les ravioles de fours

- Escargots en sauce rousse

- Les pois chiches comme aux Martigues

- Poulpes en daube et son riz sauvage

- La chicorée frisée et céleri

Le 25 midi

- Petites tomates farcies aux senteurs d’estragon

- Galantine de cochon de lait

- Le filet de sole sauce de Provence

- Suprême de pintade farcie au foie gras

- Gratin de pointe d’asperges

- Fricassée de légumes au lard

- Le gâteau de pêches à la poêle

Les 13 desserts

Les desserts sont au nombre de treize, comme les convives de la Cène, le Christ et ses douze apôtres, et peuvent varier selon les villes. Voici un exemple de ces desserts :

La fougasse ou pompe à l’huile à base de fine fleur de farine, d’huile d’olive, d’eau de fleur d’oranger et de cassonade.

Le nougat blanc aux noisettes, aux pignons, aux pistaches, et surtout aux amandes. Le nougat noir. Les figues sèches (un des quatre mendiants). Les amandes. Les raisins secs conservés au grenier. Les poires d’hiver. Les pommes. Les mandarines ou les  oranges. Les dattes. Les cédrats confits. La confiture de coings ou de moût de raisins.

Ma petite recette de l’ailloli

Pilez d’abord dans un mortier 2 gousses d’ail par personne (inutile d’en mettre trop ce n’est pas meilleur pour cela), avec 2 pincées de sel gros et 1 jaune d’œuf dur ; ajouter 1 jaune d’œuf bien frais, puis en tournant toujours et presque goutte à goutte, environ un demi-litre d’huile d’olive pour 6 personnes.

L’ailloli peut être accompagné par tout ce qui est de saison : carottes et pommes de terre cuites en robe des champs, haricots verts, artichauts, topinambours, œufs dur, escargots, etc. et bien sûr la morue très consommée en Provence car elle se conserve assez longtemps.

J’espère que vous pourrez gagner le concours d’ailloli et de faire ensuite un très bon « pénéquet ».

Philippe Creter

 

 

La réconciliation

"Un univers réconcilié dans l'amour"... Quel beau résumé du message de Noël

Mais avant d'y arriver, il y a des étapes!

La première réconciliation est à faire avec soi-même.

"Tu aimeras ton prochain... comme toi-même". Mais si je ne m'aime pas moi-même?

(C'est comme Dieu « le Père » : si l'image du père que je garde de mon enfance n'est pas heureuse, cela ne me dira rien de bon. Mon image sera celle d'un Dieu juge, ou d'un Dieu absent..)

Donc s'accepter soi-même pour pouvoir s'aimer soi-même. Méditons un peu sur les thèmes suivants:

- accepter la vie, accepter son âge et le temps qui passe ;

- accepter son corps et ses formes, son sexe et ses frustrations ;

- accepter ses parents ;

- accepter les autres même s’ils ne sont pas parfaits ;

- accepter les revers de fortune ou de santé...

Au fond ce ne sont pas les circonstances qui nous rendent heureux ou malheureux, mais notre propre cœur.

La réconciliation suivante est à faire avec les autres.

Ce sera d'autant plus difficile que je leur aurai causé beaucoup de torts.

Se réconcilier n’est pas se défendre en attaquant : « Tu as fait ceci... – Oui mais toi, ... »

La défense du « faible » serait une attitude de despote qui ne cherche pas à comprendre tant que les choses ne seront pas comme je les veux, comme je les vois, rien de bon ne sera possible entre nous...

La réconciliation avec Dieu : c'est un processus proche de la réconciliation avec soi-même, mais avec un élément extérieur: la bonne nouvelle, l'Evangile... Une clé nous est donnée dans la prière du « Notre Père » : « Pardonne-nous, comme nous pardonnons ».

André Leenhardt - Pasteur

 

 

Après des nuits d'orages, ton étoile va briller

Après des nuits et des années d’orages où notre couple foutait le camp, la famille se disloquait et Dominique perdait son travail. Nous avons eu le bonheur de rencontrer les amis de la Croix-Bleue qui nous ont aidés à sortir de cet enfer. Cette phrase « après des nuits d’orages, ton étoile va briller » ( issue du chant VIVRE ) je l’avais chantée très souvent et elle était gravée dans ma tête.

Cette étoile s’est mise à briller après sa sortie du centre de post-cure de VIRAC en juillet 1994. Nous nous étions retrouvés, réconciliés et commencions à construire un nouveau couple et une nouvelle vie de famille.

Un des plus beaux souvenir de cette année à été notre premier NOEL sans alcool, il fut merveilleux pour tous.

Pour nous deux il y a eu un événement important, inoubliable. Ce fut l’échange de nos alliances d’abstinences bénies par le prêtre après la messe de minuit en 1995, dans cette même église où nous nous sommes dit OUI pour le pire et le meilleur en 1975. Le pire était derrière et le meilleur devant. Toute la famille (parents, frères, sœurs et nos enfants) nous a entourés ce soir là ; ce fut un moment très émouvant. Evènement non choisi au hasard car cette nuit est né un sauveur, un nouveau mariage, une nouvelle union et un nouveau départ.

Le matin de Noël, dans la salle à manger où trônait le sapin magnifiquement décoré, nos enfants ont ouvert leurs cadeaux dans la joie et le bonheur. On sentait bien que l’ange de la paix était entré chez nous.

Mais tout cela n’aurait pu exister si un jour, nous n’avions pas rencontré la Croix Bleue d’Arles et tous ses amis. C’est à eux que je dédie ce témoignage et le leur offre en cadeau de NOEL.

BONNES FETES A TOUS ET JOYEUX NOEL

Michèle et Dominique Paupardin - Section de Salon-de-Provence

 

 

Revivre, reconstruire sa vie, rebâtir sa famille, son travail, se recréer, se renouveler : 

on entend souvent ces verbes à la Croix Bleue et tout le monde sait que lorsqu’on a beaucoup ou tout perdu, il faut tout RE commencer. On entend moins souvent se « RECONCILIER. »

Pourtant l’homme ou la femme en cours de relèvement et qui constate l’importance des dégâts qui l’entourent ne peut pas vivre longtemps cette situation de rupture, de séparation, de divorce ou de désaccord avec ses proches ou avec la société qui l’entoure. Souvent, l’alcoolisme a amené cette personne à s’exclure, se mettre en marge du monde, soit par son comportement qui a déçu et blessé son entourage, soit par l’incompréhension, la lassitude ou le désintérêt de cet entourage.

La réconciliation réclame un immense travail et demande beaucoup de patience et d’humilité de la part de l’entourage et des accompagnants. Il s’agit de renaître comme nous le disons parfois à la Croix Bleue. Pour cela il faut créer un climat et un terrain favorables, ce qui n’est pas évident au départ.

Alice Dupont - Section de Marseille-Belle-de-Mai

 

 

La religion a toujours fait partie de ma vie. 

Mes parents sont croyants et pratiquants et les messes dominicales étaient liées à mon éducation. Mais la foi qui m’a aidée tout au long de mon existence m’est propre.

Si je ne suis plus aussi pratiquante, je suis toujours croyante et la prière est importante dans ma vie.

Cela m’a beaucoup aidée lors de gros problèmes de santé et de problèmes familiaux. Un accrochage au téléphone, des mots que l’on croit sans importance dits de part et d’autre, les malentendus s’installent et chacun reste sur ses positions : c’est ainsi que pendant plusieurs mois, ma fille et moi n’avons pas communiqué. J’étais très malheureuse ; sans doute l’était-elle aussi.

J’avais deux petits-fils qui avaient à l’époque respectivement deux ans et un an. J’allais chez elle, je sonnais, elle m’ouvrait, me tournait le dos sans un mot, s’enfermait dans la cuisine et je passais un moment au salon avec les enfants. Puis je repartais en larmes. Je priais tous les jours en espérant une aide.

Un jour, je lui ai proposé que l’on se voit en terrain neutre, seulement nous deux.

Elle a accepté et nous nous sommes retrouvées quelques jours plus tard dans une cafétéria. Nous avons beaucoup parlé, beaucoup pleuré mais le dialogue, même fragile, était renoué.

Depuis, un troisième « bouchon », qui a maintenant quatre ans, est entré en jeu.

J’ai compris qu’il fallait essayer sans être bloqué par la peur de l’échec.

Solange Rastoll - Section de Aix-en-Provence

 

 

Je dis aujourd’hui que je n’ai pas la foi en Dieu, que je ne « crois » pas. 

Pourtant force est de constater que la voie de l’abstinence, mon parcours Croix-Bleue, les engagements que je prends « avec l’aide de Dieu » et les amis que j’y fréquente m’aident à m’ouvrir peut-être sur d’autres voies et peut-être celle de la foi ?

Sans en être encore tout à fait sûr je sais que j’ai entamé une certaine démarche spirituelle sur le sujet car je me surprends à m’interroger, à me poser des questions sur mes convictions profondes, à douter de celles que j’affiche avec autant de vigueur. Ne suis-je pas à ce moment de ma vie où je me dis peut-être qu’il est grand temps d’entamer les démarches qui mènent à la possibilité de se réconcilier ?

Me réconcilier avec la Foi et avec Dieu pourrait peut-être me conduire vers plus de « sagesse » et moins de « promptitude » pour être finalement en mesure de vivre plus en paix car  réconcilié avec les ruptures du passé qui font vivre ma femme et moi dans de profondes souffrances.

Ma rupture avec la Foi s’est construite dans ma jeune enfance au contact d’une mère très sévère et stricte qui n’a jamais manifesté à mon égard, avec de multiples humiliations, que de la  haine.

Dans un esprit rigide et très conservateur elle m’a contraint, forcé et obligé à suivre une « éducation religieuse » qui se résumait, pour elle, à l’exécution de cérémonials et rituels dont je me demande si elle en connaissait le sens profond et à m’infliger privations, brimades et punitions ! Ni elle, ni mes frères et sœurs ne fréquentaient les lieux sacrés et mon père s’arguait d’être athée !

Dans cette ambiance, en fait  hostile à la piété,  ma mère n’avait de cesse d’exiger de moi, à genoux en bas de l’escalier, prostré pendant des heures, d’apprendre par chœur mon catéchisme, de pratiquer les gestes rituels de l’église catholique : prières, signes de croix, génuflexions. Elle sautait sur la moindre défaillance pour m’infliger de vrais châtiments corporels. Les séances se terminaient dans ma chambre avec pour tout souper un oignon et du sel !

Vers l’âge de 14 ans quand j’ai commencé à travailler et à pouvoir respirer un peu j’ai pris (et finalement de manière bien légitime !) mes jambes à mon cou et j’ai résolument tourné le dos à Dieu…

A 19 ans j’ai rencontré l’Amour avec Françoise, mon épouse depuis 42 ans et, pour que nous trouvions aujourd’hui enfin la paix intérieure et la sérénité, je pense avoir besoin d’entamer d’autres réconciliations (avec la famille notamment).

J’ai besoin d’espérer en un avenir meilleur,  j’ai besoin de croire : croire en Dieu ? Croire que je vais y arriver… A la Croix Bleue ne dit-on pas : il y a un avenir pour notre espérance ?

Daniel avec  Françoise - Pont-Saint-Esprit

 

 

Ma petite conscience

L’alcool avait détruit autour de moi et en moi beaucoup de choses mais le pire je crois c’était l’estime que je pouvais avoir de moi.

Je passais mon temps à co-habiter avec « moi » et « ma petite conscience » qui aussi discrète qu’éphémère passait son temps, elle, à apparaître et disparaître au rythme des bières que j’avalais.

De ses passages furtifs pendant les moments où j’étais « à jeun » elle se débrouillait pour me laisser des messages qui me dérangeaient terriblement. Alors je lui en voulais. Qu’est-ce qu’elle en savait, elle, de ce que je souffrais ? De cette honte qui me rongeait et qui m’empêchait, au propre comme au figuré, de me regarder dans une glace ? Qui était-elle pour se permettre de me bousculer ainsi ?

J’appréhendais ses apparitions et je détestais son langage ; alors je m’empressais de l’oublier en engloutissant encore quelques breuvages… la boucle était bouclée et la rupture bien consommée.

Je savais qu’à n’importe quel moment le double qui était en moi était en mesure de trahir le premier :  je ne pouvais donc jamais me faire confiance. Je savais au fond que toutes les promesses que je proférais de ci de là (pour avoir la paix) ne seraient suivies d’aucun effet : je me décevais, je me détestais, je m’écœurais…

 « Ma petite conscience » pourtant, un jour de février 1999, du fin fond d’une cellule de dégrisement eut la bonne idée et le courage de me confronter à nouveau. La situation dramatique peut-être, le remord, la culpabilité et la peur de l’avenir certainement ont joué un rôle primordial dans la réconciliation que j’ai entreprise alors avec celle qui m’apporta la lumière.

De ce jour de réconciliation, la reconstruction de tout mon être fut alors enfin possible.

Valérie - Pont-Saint-Esprit

 

 

Changements et réconciliations dans le parcours vers l’abstinence  

Dans le parcours vers l’abstinence, différentes étapes vont se succéder tant pour le malade alcoolique que pour son entourage familial, amical ou professionnel.

Tout d’abord, pour le malade alcoolique un processus nécessaire est à l’œuvre : la destitution subjective. Elle passe par la chute d’éléments du fantasme conscient, notamment une image valorisée de soi qui consiste à se penser comme n’ayant pas besoin de se soigner car sans problème d’alcool, comme « non-dépendant », image narcissique erronée que le déni avait pour fonction de maintenir intacte.

C’est là le premier pas vers la réconciliation avec soi-même dans un double mouvement :

  • d’acceptation de sa maladie ; j’ai besoin de l’objet alcool,

  • et de renoncement à une idée de soi comme tout-puissant face à l’objet alcool ; je ne peux vivre certains événements sans le recours à l’alcool mais je dois y renoncer afin de me retrouver, donc je dois me séparer de cet objet duquel je suis dépendant.

Il s’agit d’une réelle difficulté car la séparation d’avec l’objet alcool n’assure en rien du gain possible, comme dit le dicton populaire « on sait ce que l’on perd, on ne sait pas ce que l’on gagne ».

C’est un moment crucial qui va déterminer pour le malade alcoolique l’entrée dans une démarche vers l’abstinence. Cela revient à s’appréhender sans le voile du fantasme conscient et à commencer à élaborer ses propres difficultés que la relation à l’alcool venait apaiser en simplifiant, en apparence, les situations problématiques.

Le cheminement vers l’abstinence est le fruit de tout ce travail d’élaboration psychique individuel ainsi que celui fait avec le soutien apporté dans les groupes de paroles, les psychothérapies… en somme dans tous les dispositifs où le malade alcoolique aura la possibilité de parler de ses souffrances.

En résumé, on peut repérer différentes dimensions : l’objet alcool qui vient masquer la souffrance, le fantasme conscient qui préserve une image de soi idéale, et enfin le déni qui signifie ne pas vouloir savoir en ne remettant en question ni cette image narcissique, ni sa dépendance à l’alcool.

Tout ceci laisse entrevoir les réaménagements nécessaires afin de changer.

Car paradoxalement, dans la démarche vers l’abstinence, changer signifie se rapprocher de soi-même, se réconcilier avec sa propre image et non plus s’en éloigner par le biais de différents artifices comme l’alcool.

La destitution subjective se produit tout au long de cette démarche : c’est se retrouver et s’accepter en tant que sujet de sa propre histoire marquée des douleurs et des joies et de l’accepter sans ne plus en souffrir.

En parallèle, les relations avec l’entourage familial, amical ou professionnel vont reposer à chaque instant et pour chacun des protagonistes sur la confrontation entre « l’avant » et « l’après » maladie alcoolique.

Cette étape est nécessaire pour l’entourage chez qui des changements vont s’opérer également, tout d’abord en ce qui concerne l’appréhension de la maladie alcoolique et enfin la répercussion de celle-ci chez son proche. « Qui est cette nouvelle personne que pourtant je connais déjà, je ne le/la reconnais plus », entend-on parfois par l’entourage…

Un mouvement dialectique va alors structurer différemment les relations entre chacun.

Il s’agira pour chacun de porter un regard différent :

  • pour le malade alcoolique qui aura à se situer autrement dans la relation à son entourage sans le recours à l’alcool comme auparavant,

  • et en contrepoint, l’entourage devra prendre en considération les changements de la personnalité du «  malade alcoolique » et les accepter.

Des réajustements vont être nécessaires de part et d’autre afin de reprendre les relations sous de nouvelles perspectives ; c’est ici que parfois elles cesseront, le changement étant trop important et /ou trop difficile  à accepter.

Dans le cas où les relations reprennent ou tout simplement se poursuivent, l’équilibre va en être profondément modifié pour les uns et les autres ; on peut parler d’une nouvelle rencontre avec quelqu’un de déjà connu, en somme des retrouvailles…

En conclusion, on peut dire que la réconciliation jalonne le parcours vers l’abstinence.

Elle est nécessaire autant pour le malade alcoolique qui a à se réconcilier avec lui-même, que pour son entourage qui devra mettre en tension l’image du malade alcoolique « d’avant » de celle « d’après », afin qu’en définitive  se crée une nouvelle qualité de relation entre les uns et les autres qui ne soit plus affectée ni déformée par l’objet alcool.

                                           Karina TERKI - Psychologue clinicienne  

 ENSEMBLE

 

Noël, ensemble dans l’amour ?

Pour les chrétiens, Noël est l’amour de Dieu donné aux hommes par la naissance d’un enfant : EMMANUEL (Dieu avec nous) - un enfant choisi, appelé à un destin hors du commun.

Dans cette naissance, je vois la VIE et l’AMOUR indissociables.

L’amour, une plénitude de vie, sont les mots-clés de la mission de cet enfant qui devient Homme.

La vie, l’amour entrent dans l’engagement d’aide pris à  la Croix Bleue et, lorsque dans ce  militantisme on se retrouve ENSEMBLE, cela suppose une force décuplée. Pour acquérir cette force ensemble, une certaine harmonie semble s’imposer…

Mais « peuchère » ! Comme disent les provençaux, ça n’est pas toujours facile.

Puisque Noël est la fête de l’amour, de la vie, de la paix, cela incite à la prise de bonnes résolutions. C’est peut-être le moment de se pencher sur une lettre écrite à une communauté, au début de l’ère chrétienne, par un missionnaire-militant : Paul qui parle de l’Amour comme base d’une vie meilleure.

« Je pourrais être capable de parler les langues des hommes et celles des anges, mais si je n’ai pas d’amour mes discours ne sont rien de plus qu’un tambour bruyant ou qu’une cloche qui résonne. »*

C’est vrai qu’à la Croix Bleue nous avons très envie d’entendre des paroles qui sortent du cœur pour croire à la vie des mots qui résonnent en nous, qui donnent espoir, qui suscitent le désir d’avancer et de voir les choses autrement, d’entrer dans un « ENSEMBLE ».

Dans sa lettre qui me semble toujours d’actualité, ce militant énumère un certain nombre de qualités, de capacités, de dons… qui, sans l’amour pour base, ne servent à rien ou manquent de consistance.

Mais c’est quoi cet AMOUR ? Pour le comprendre il faut sans doute penser à la haine, l’égoïsme, la domination, le profit… tant de choses qui font mal.

Voyons ce qu’en dit ce militant :

« L’amour est patient, l’amour est bon, il n’est pas envieux, il ne se vante pas, il n’est pas orgueilleux ; l’amour ne fait rien de honteux, il n’est pas égoïste, il ne s’irrite pas, il n’éprouve pas de rancune ; l’amour ne se réjouit pas du mal, mais se réjouit de la vérité. L’amour permet de tout supporter, il nous fait garder en toute circonstance la foi, l’espérance et la patience. »*

O fan ! Comme on dit dans le midi… mais c’est la perfection !!!

Alors cet amour qui nous porte vers les autres serait de mauvaise qualité avec nos imperfections ? C’est désespérant !

Au fait, le missionnaire Paul s’adressait à une communauté dans cette lettre. Chacun pouvait entretenir ses capacités, en acquérir d’autres…

EUREKA ! Qui n’est pas un mot provençal. Puisque nous sommes des sections, des groupes à la Croix Bleue, nous pouvons porter l’amour aux autres ENSEMBLE, avec nos qualités propres, nos relais, nos désirs de changement. Ainsi, nos vis-à-vis reçoivent une meilleure qualité d’amour, nous en recevons en retour en avançant les uns avec les autres.

Dieu merci, en lisant la lettre de Paul le missionnaire "ENSEMBLE", tous les espoirs sont permis.

Le REVE est que Noël (fête de la vie ensemble, de l’amour) dure toute l’année.

Paulette Defolie

 

 

Durant cette période de l'Avent, c'est-à-dire de préparation de la fête de la naissance du Christ, nous aurons tous l'occasion de rentrer dans une église pour assister à une messe, une cérémonie ou pour aller admirer les magnifiques crèches de notre belle région de Provence.

Lors de cette visite, prenez le temps d'observer un vitrail.

Lorsqu'il fait nuit, on ne perçoit rien à travers un vitrail tout comme dans notre vie lorsqu'elle n'est que tristesse et désespoir, tout est noir.

Mais dès que paraît une lueur l'on peut apercevoir les dessins du vitrail et les différentes couleurs. Pour chacun d'entre nous, la Croix Bleue nous a donné cette lueur qui est l'espoir. Cet espoir nous allons le nourrir grâce aux réunions, aux échanges avec les autres, et il va grandir jusqu'au jour où nous pourrons voir toute la lumière à travers le vitrail qui avec sa multitude de couleurs, nous offrira la perspective d'une autre vie.

 Christine Daval

 

 

Noël blanc

Dans trois jours c’est Noël. J’ai 35 ans, 1,80 m, 54 kg : je suis une épave, je dois être soigné.

C’est Noël : la neige a répandu son manteau blanc tout autour de l’hôpital ; elle semble tomber pour que je retrouve la sérénité comme pour recouvrir toutes les impuretés qu’il y a autour de moi. Il y a longtemps que je n’ai pas posé un regard aussi contemplatif sur mon environnement. Mais cette beauté ne m’empêche pas d’être malheureux, séparé des miens que j’aime. Si je suis là, c’est à cause de l’alcool ; alors je le hais au plus profond de moi et de plus en plus chaque jour. Malgré mes grosses difficultés physiques le responsable de la section Croix Bleue est venu me rendre visite.

Cette rencontre a été pour moi un encouragement, une lueur d’espoir et, même après vingt-cinq années, je n’oublie pas ce Noël « blanc ».

 

 

Il est facile d'être gentil lorsque la vie coule

Douce rivière, mais l'homme de substance est celui qui sourit

Lorsque tout va de travers.

Ella Wheeler Wilcox

Noël et son cortège de festivités sont là ; les sapins vont s'allumer, les yeux des enfants vont briller. Noël c'est la fête, la chaleur familiale, les accolades, le regard ému et aimant de l'autre. Pourtant, beaucoup vivent ces manifestations extérieures de joie avec amertume, tristesse, nostalgie, mélancolie et absence. Je pense aux blessés de la vie qui à l'occasion de ces fêtes voient leurs blessures ressurgirent : c'est peut-être vous qui êtes en deuil après avoir perdu un être cher, vous qui vous battez pour vous défaire de ce produit toxique qu'est l'alcool et qui a provoqué ruptures, divorces, séparations familiales, difficultés de vivre,  vous qui souffrez de maux physiques, psychologiques, spirituels, exclus de la société.

La souffrance est encore plus cruelle dans ces moments-là, car le souvenir des jours heureux vous fait mal, et le sentiment de solitude et d'isolement est encore plus fort.

Pourtant j'ai envie de vous dire : ne laissons pas nos cœurs se geler, notre âme se vider, gardons les yeux ouverts.

"Rien n'est si souillé que la lumière ne puisse lui rendre sa beauté. "

Ralph Waldo Emerson

Noël est aussi porteur d'un message de paix, d'amour et  d'espoir. C'est surtout d'espoir dont nous avons besoin quand nous souffrons : celui de retrouver le bonheur, un équilibre de vie, l'amour, l'amitié, notre place dans la société et surtout un sens à notre existence.

L'espoir fait vivre ; simpliste penserez-vous ; non l'espoir c'est plus que ça.

L'espoir nous redonne le goût de vivre et nous imprègne de félicité en nous ramenant à notre quête existentielle. C'est un sentiments optimiste, une pensée qui prône l'amélioration, une lumière au bout du tunnel, une manière de surmonter les obstacles de la vie, de croire qu'il existe des solutions ; c'est savoir que la souffrance n'est pas éternelle, qu'il existe sous une forme ou une autre un remède au désespoir. L’espoir c’est la foi, c’est une force puisqu’on vient de nourrir par nos convictions spirituelles, philosophiques, religieuses ou simplement par la foi en la grandeur de l’Homme.

L'espoir s'entretient et il importe de ne pas céder au découragement car comme le dit Martin Luther King, si vous perdez espoir, vous perdez du même coup cette vitalité qui garde la vie en mouvement, vous perdez le courage d'être cette qualité qui vous aide à aller de l'avant en dépit de tout.

A la Croix Bleue, notre espoir fleurit de la participation aux solutions pleines d'espoir ; notre manière de garder l'espoir c'est de le transmettre aux autres. La vie reconstruite de nombreux membres actifs est une source d’inspiration dont nous pouvons puiser notre force.

E

 

Ensemble

 S 

Solidaire

 P 

Partage

 O 

Ouvert aux autres

 I 

Idées nouvelles

R

Renouveau

Adeline Sereni - Section d’Arles

 

 

Un sourire

Un sourire ne coûte rien et produit beaucoup.

Il enrichit ceux qui le reçoivent

Sans appauvrir ceux qui le donnent.

Il ne dure qu’un instant

Mais son souvenir est parfois éternel.

Personne n’est assez riche pour s’en passer

Personne n’est assez pauvre pour ne pas le mériter.

Il crée le bonheur au foyer, soutient les affaires

Il est le signe sensible de l’amitié.

Un sourire donne le repos à l’être fatigué

Rend du courage aux plus découragés.

Il ne peut ni s’acheter, ni se prêter, ni se voler

Car c’est une chose qui n’a de valeur

Qu’à partir du moment où il se donne.

Et si quelquefois vous rencontrez une personne

Qui ne sait plus avoir le sourire

Soyez généreux, donnez-lui le vôtre

Car nul n’a autant besoin d’un sourire

Que celui qui ne peut en donner aux autres.

Apprendre à sourire, c’est commencer à aimer.

Témoignage d’un ancien détenu

L’univers carcéral n’est pas épargné par le problème alcool d’autant plus que c’est un monde clos. J’ai passé plusieurs Noël en détention  où l’alcool coulait à flot. J’étais pris par le produit avant de rentrer en prison. Je m’en suis aperçu pendant ma garde à vue durant laquelle, pendant 72 heures, j’ai été privé du produit et je me sentais tellement mal qu’il me tardait d’être incarcéré pensant que j’allais retrouver de l’alcool. Lorsque je suis rentré en cellule occupée par mes co-détenus (qui étaient d’ailleurs des indigents), j’ai repéré une bouteille de parfum que je me suis empressé de boire et je me suis senti beaucoup mieux. Pendant les fêtes, Noël et Jour de l’an, l’alcool était présent en abondance. J’échangeais des produits alimentaires et du tabac contre de l’alcool. Après je demandais à certains gardiens avec qui j’avais des affinités de me procurer le produit à n’importe quel prix.

Cela a duré plusieurs années. Je ne vivais que pour l’alcool et c’est cet alcool qui m’a conduit à faire des bêtises. A ma sortie, j’étais plus pris par le produit qu’avant mon incarcération.

Dieu merci, j’ai rencontré un pasteur qui m’a fait connaître la Croix Bleue et depuis six ans je suis abstinent et heureux de l’être.

Qu’elle est belle la vie sans alcool !

Ahmed K.

 

 

NOEL : l’humain au cœur de l’histoire

          Noël, c’est la fête des cadeaux, des guirlandes, du brillant, de l’étincelant, de la famille. Une étoile qui brille, des anges qui passent, une Maman qui accouche encore vierge, des parents bousculés par la grossesse et l’accouchement, voilà de l’irrationnel bien sympathique qui amène du rêve, du désir, de la fête. D’ailleurs, pays et régions y ont ajouté leurs traditions et leur folklore. A Noël, de nombreux pays dans le monde oublient quelque temps la dure réalité du quotidien pour rêver un peu et entrer dans le monde merveilleux des enfants.

           Si nous prenons la peine de lire un peu plus attentivement les récits de Noël tels que nous les trouvons dans ces petits livres de la bible appelés « Evangiles », celui de Luc et de Mathieu notamment, nous nous apercevons que Noël est le moment de l’avènement de l’humain. A Noël, un homme arrive sur terre dans les meilleures conditions pour vivre une humanité pleine et entière. Quel vacarme autour d’un enfant !  

           Trop peu d’enfants sont attendus comme l’a été ce Jésus. Trop peu sont issus d’un amour autre qu’un amour sexuel. Trop peu ont droit à autant d’attention et de prévenance. Trop peu sont accueillis par un réseau aussi divers et varié. Trop peu se voient investis d’une telle espérance tout particulièrement lorsque ces enfants ne sont pas des fils de rois mais simplement des fils du peuple.

           La qualité et la densité de l’humain chez Jésus, feront que trois siècles après son arrivée, sera proclamée à posteriori une nouvelle ère appelée « ère chrétienne » inaugurée par cet homme là. C’est l’avènement d’une humanité nouvelle promise à tous, c’est aussi le départ d’une nouvelle civilisation.

           Aujourd’hui, nous savons ce qu’a été cette « ère chrétienne ». Nous connaissons ce qu’elle a apporté de nouveau à l’humanité, le meilleur comme le pire. Ce regard sur plus de vingt siècles mériterait un long développement. Toutefois, cette civilisation semble toucher à sa fin et plus particulièrement pour le monde occidental. Mais quelles seront les préoccupations de la civilisation à venir ? L’humain restera-t-il le centre de sa préoccupation corrigeant  ce qui a été mal fait et apportant ce qui ne l’a pas encore été ? Il y a des signes encourageants comme les droits de l’homme, le souci de l’écologie et il y a des signes qui font peur comme le libéralisme sauvage et son retour à la loi du plus fort, le retour des dieux de l’intégrisme demandant le sang des humains à ses partisans.

           Tout cela nous concerne et une question se pose : dans quel combat allons-nous nous engager pour que le souci de l’autre reste au cœur de la prochaine civilisation ? S’il y a un message à retenir de NOEL, c’est bien celui-là.

                                                                                            Serge SOULIE

 

 

Cadeaux !

C'est avec un sentiment partagé de joie et de nervosité que j'appréhende les fêtes de Noël.

Cette tradition mi-religieuse, mi-païenne, instaurée à l'origine dans un esprit de valeurs chrétiennes, morales et humaines s'est progressivement travestie.

Cette période de fêtes est devenue un casse-tête stressant et onéreux pour satisfaire aux exigences de la société de consommation.

Ces festivités entraînent un gaspillage considérable et incitent à des excès de consommation incontrôlés d'alcool et de nourriture.

La tradition des cadeaux est loin d'avoir été oubliée et, appuyée par les médias et les rois de la publicité, les Pères Noël se sont multipliés dans tous les lieux publics.

C'est le « Dieu-cadeau »que nous fêtons...

Paradoxalement Noël est cette période magique où l'air même est mystérieusement chargé de... quelque chose d'indéfinissable, de subtil... de féerique...

A ce « Dieu-cadeau-là », pour égayer, faire rêver les enfants et les adultes, je sacrifie avec modération… avec dans la bouche un goût amer à la pensée de tous nos frères d'infortune dans leur solitude...

José et Jean-Marie - Salon de Provence

 

 ENFANTS

 

Mon premier vrai Noël

J'ai 8 ans. les fêtes de Noël approchent. Je vois mon papa avec maman préparer le sapin de Noël, sans crier, sans se disputer.

J'ai compris que pap a arrêté de boire.

D'habitude, les autres jours de fête se passent très mal.

J'étais toujours triste de voir ces disputes.

Maintenant, je vais pouvoir rivaliser avec mes petits camarades : une fête de Noël, une vraie !

Voilà, le grand jour tant attendu est arrivé.

Je suis ébloui de voir ce sapin tout illuminé avec ses petites boules et ses lumières scintillantes. Au pied du  sapin, se trouvent les cadeaux que j'avais commandés à papa Noël.

Mon papa et ma maman sont à côté de moi, ils me regardent faire. Ensuite, il y a le crépitement du flash de l'appareil photo.

C'est mon premier vrai Noël !

Emile

 

 

Anniversaire d’abstinence de mon papa

Lorsque j’étais enfant, j’admirais mon père. C’était un homme gentil, toujours prêt à rendre service, volontaire et qui ne souhaitait qu’une chose, je pense, celle de construire une maison et rendre sa famille heureuse.

Cette maison, il l’a eue, et sa famille heureuse aussi ; seulement, pour une raison que je ne comprends pas encore très bien mon père s’est mis à boire et est devenu un homme méchant, agressif et violent dont nous avions tellement peur, ma sœur, ma mère et moi, que nous l’avons quitté. La maison a été vendue, la famille décomposée, mon père s’enfonçant de plus en plus dans l’alcoolisme.

Aujourd’hui et après des années difficiles je sais que mon père s’est battu pour vaincre ce fléau qu’est l’alcool et je tiens à le féliciter et à remercier tous les gens qui l’ont aidé et soutenu comme la Croix Bleue.

Merci à tous et surtout à toi Papa.

Nathalie.

  

Lettre au Père Noël

Monsieur le Père Noël,

Je m'appelle Alice et j'ai 6 ans. Pour Noël, je voudrais une poupée Barbie. La mienne est cassée, papa a marché dessus. Pour mon petit frère, Vincent (il a 4 ans), un ours en peluche parce qu'il prend toujours le mien.

Pour maman, une jolie robe avec plein de couleurs. Pour papa, je ne sais pas.

Je voudrais qu'il arrête de boire; mais est-ce que tu peux faire quelque chose ? Il y aura des chocolats pour toi près des chaussures sous le sapin.

Je te fais des bisous.

Alice

PS : Le papa d'Alice est devenu abstinent quelques mois après. Peut-être le Père Noël existe-t-il ! Il suffit d'y croire très fort !

 

 

Conte de Noël

Il faisait effroyablement froid, il neigeait depuis le matin, il faisait déjà très sombre, c’était le soir de Noël.

Par ce froid glacial, une petite fille marchait dans la rue afin de vendre ses allumettes pour rapporter quelques sous à la maison car son père ne travaillait plus étant malade de l’alcool. Il avait perdu son emploi et la famille n’était pas très riche. Tremblante de froid et de faim, elle se traînait de rues en rues. De toutes les fenêtres, brillaient des lumières, et des maisons, sortait une délicieuse odeur ; celle de la dinde de Noël. L’enfant avait ses petites menottes toutes transies. « Si je pouvais craquer une allumette pour réchauffer mes doigts ! » se dit-elle. C’est ce qu’elle fit, et la magie fit le reste. A travers cette flamme joyeuse elle se voyait transportée près d’un arbre de Noël, sa famille réjouie était là, sa mère avait préparé un bon repas et son père avait les bras chargés de cadeaux. Tous les gens, qu’elle aimait, étaient heureux. Ce soir-là était exceptionnel, pas de violence, pas d’alcool, tout simplement beaucoup d’amour.

Etait-elle encore dans un souhait tellement fort en elle ou était-ce la réalité ?

L’espoir était là dans un lieu où il n’y avait plus, ni froid, ni faim, ni chagrin.

Un Noël comme tous les enfants méritent d’avoir.

 

 

Le plus beau Noël de Betty

Il était une fois, dans une petite ville du sud de la France, une petite fille qui vivait avec sa sœur Margot et ses parents, Evelyne et John.

C’est une famille modeste, mais ce soir pour Betty c’est la plus heureuse des familles. Pourquoi ? Parce que ce soir, c’est le réveillon de Noël et, comme tous les enfants, Betty a attendu cette fête toute l’année.

Debout, devant la fenêtre, elle regarde la neige tomber et c’est la première fois qu’elle est présente pour Noël depuis que la famille s’est installée dans la région. C’est peut-être un signe, se dit Betty. Un signe qui dit que cette fois, ce sera différent.

Car la petite fille ne peut s’empêcher de penser aux dernières années. Tous ces anniversaires ratés, ces carnavals oubliés ; même pour la fête des pères, John était absent. Elle se rappelle aussi d’Evelyne, sa maman, qui se cachait pour pleurer dans la cuisine, ou de Margot qui partait souvent dormir chez des amies d’école pour éviter un conflit ou tout simplement le regard de son père. Un père qui buvait tellement qu’il ne tenait plus debout, rentrait tard en claquant la porte ou s’en prenait au chien, seul être assez courageux pour fêter son retour.

Puis vint le jour où John a décidé de se soigner, de ne plus subir l’alcool et toutes les souffrances qui en découlent. Ça a été difficile, mais depuis presque un an John ne boit plus et pour toute la famille c’est un soulagement.

Il est dix-neuf heures et, tout le monde attend le retour de John qui doit ramener le sapin. Betty et Margot ont déjà sélectionné les décorations qui garniront l’arbre de Noël. Leur maman prépare le repas, en souriant ; dans la cuisine la table est déjà mise, on y trouve une jolie nappe rouge, le service en porcelaine offert à Evelyne et John, lors de leur mariage, les verres étincelants et l’argenterie qu’on ne sort que pour les grandes occasions.

Deux grands chandeliers trônent au milieu de la table, mais ils ne seront allumés qu’au moment du dîner. Margot vient de mettre un disque de chants de Noël.

  • «  Papa arrive !  s’écrie Betty,   il a ramené un énorme sapin ! »

  • « Oh! oh! oh! Joyeux Noël les filles ! » annonce John en entrant dans la maison.

Les deux sœurs s’empressent de placer le sapin à côté de la cheminée et le décorent de guirlandes brillantes et de boules scintillantes toutes plus colorées les unes que les autres. Pendant ce temps Evelyne dispose les plats sur la table ; il flotte dans l’air une bonne odeur de potiron.

La décoration du sapin terminée, la famille s’installe autour de la table ; John allume les bougies que Betty regarde brûler avec émotion. Pour elle, cette lueur est magique, inespérée, comme si le lilas fleurissait en hiver.

Voici ce soir une famille qui se retrouve, une vie qui commence ou qui recommence…

 

 

A propos de Noël… 

la naissance du bébé Croix Bleue

En 1981 j’attendais un bébé dans une situation pénible. En effet, j’avais été obligée de déménager de ma loge de concierge de l’Institut Sainte-Marie à la Seyne-sur-Mer car mon mari était hospitalisé depuis janvier 1981 à l’hôpital psychiatrique départemental du Var et je ne pouvais pas assumer seule cette fonction.

Je rendais visite à mon mari dès que je pouvais et ces visites étaient toujours décevantes car, d’une part je voyais qu’il s’enfonçait dans la maladie mentale et, d’autre part je voyais des enfants hospitalisés qui me posaient des questions sur l’état de mon futur bébé : serait-il comme eux ?

Lors d’une de mes visites le pasteur de Toulon est venu à un goûter offert pour les cinquante ans de mariage d’un couple hospitalisé. Ce pasteur, voyant le champagne, m’a fait une remarque qui a bouleversé ma vie. Il m’a dit : « Il ne faut pas d’alcool à Georges avec les médicaments. » Je lui ai alors demandé : « Y a-t-il une Croix Bleue à Toulon ? ». il m’a dit oui. Très vite, j'y suis allée. J’ai expliqué ma situation et celle de mon mari. Enfin, je n’étais plus seule. J’avais trouvé des amis qui voulaient bien m’épauler pour sortir Georges de ce milieu psychiatrique. J’ai immédiatement signé un engagement à la Croix Bleue.

Marc H… et Gérard D… ont rendu visite à Georges à l’hôpital, puis à la clinique et cela m’a énormément réconfortée : je n’étais plus dans la spirale de la solitude.

Dès lors il est apparu à Georges qu’il fallait qu’il sorte de la clinique où il dormait toute la journée. Mais où aller ? C’est là que Marc lui a parlé du centre de postcure de la Croix Bleue situé aux Freyguières, près de Marseille. Le séjour durait trois mois dont le premier était sans sortie. Or pendant ce séjour, il se trouve que je devais donner naissance à mon bébé et je voulais la présence de mon mari pour cet événement. C’est pourquoi Marc a proposé à Georges de signer l’engagement d’abstinence à la place du séjour en postcure. Marc lui en a proposé un deuxième. Il l'a tenu scrupuleusement ainsi que les autres, jusqu’à son décès il y a onze ans.

Aussi grâce à la Croix Bleue, mon bébé a eu un père excellent, attentif et présent. Il a effectivement joué son rôle lors de la naissance de notre bébé le 19 juillet 1981 et dès cette naissance, nous avons emmené notre merveille à toutes les réunions de la Croix Bleue de Toulon. Elle était dans les bras des uns et des autres, entourée de leur chaude affection. Marc mettait le couffin dans sa 4L et nous partions soit à Marseille, soit à la Lande des Maures, soit en visite chez des amis de la Croix Bleue. Marc organisait les réunions, les goûters de Noël et les rencontres entre sections et nous étions toujours de la partie, à tel point qu’à Noël 1983, Marine était en photo avec moi sur le journal « La Provence » pour illustrer Noël à la Croix Bleue. Maintenant vingt-trois ans après, Marine est une splendide jeune femme promise à un bel avenir.

Claire-Lise Pizette

 

 

Conte de Noël

Il était une fois…

Par un soir d'hiver, froid, humide, brumeux, une gare TGV entre Valence et Marseille, proche d'une grande ville illuminée, avec des voitures qui roulent en tous sens, au volant desquelles, d'aucuns pestent contre la lenteur de celui qui les précède. «  Vaï, mais il empègue tout le monde cet abruti… » Dans un enfer de bruits, de klaxons. Des gens aux bras chargés de colis de toutes tailles, aux emballages clinquants de toutes les couleurs, avec ou sans rubans chatoyants se croisent à pas pressés, dans les lumières de la ville. Il règne un air de fête avec des odeurs de charcutaille et de pâtisseries qui chatouillent les narines. Chacun s'empresse pour rejoindre la maison, le restaurant, le point de rendez-vous en bousculant l'autre parce qu'on est pressé. Dame, un réveillon ça n'attend pas. "Mais fan des pieds, qu'est-ce qu'il fout ce fada?"

Cette grande gare de verre, de béton d'acier est sans âme. C'est un ensemble glacial, fonctionnel, où l'ennui sourd de chaque recoin, sans odeur comme sans vie. Un bâtiment moderne, au concept actuel, au silence feutré, troublé par les pas rapides de ceux qui vont prendre ou descendent du dernier train. Des agents en casquettes à jugulaires dorées, désabusés, renseignent mollement des passagers. Des voyageurs, des usagers comme on dit maintenant, qui ne comprennent rien aux panneaux qui cliquettent à toute vitesse sous leurs yeux et où ils ne voient pas le train qu'ils doivent prendre, affolés qu'ils sont de le rater… Dehors, la nuit s'est installée. Parfois des T.G.V. passent à toute vitesse ignorant les paysages de Provence où, il y a peu, flottait le parfum des lavandes ; où l'on cueillait, il y a quelques temps, amandes et pêches avant les vendanges. D'ailleurs, qui penserait, dans cette nuit de Noël, à regarder les petites maisons aux volets multicolores et aux tuiles rondes d'ocre rose blanchi de soleil ? Et cependant on y  prépare le traditionnel repas de minuit…

Une fille belle, trop belle, maquillée, trop maquillée, perchée sur des talons trop hauts, à la démarche chaloupée, la bouche trop rouge barrant d'un trait sanglant un visage trop pâle, s'en va exercer le plus vieux métier du monde… Ses hauts talons martèlent un sol où est couché un clochard. Un de ces êtres sans âge, barbu, hirsute, sale, vêtu de bric et de broc, à la démarche titubante quand il se lève ; qui beugle de sa voix enrouée par l'alcool un vieux refrain d'autrefois. « Minuit chrétien… ». Il tend la main sans honte. Il fait la manche, indifférent aux regards de mépris pour ce goulot qui dépasse de sa musette. « A-t-on idée de se mettre dans des états pareils un jour comme aujourd'hui ? » Mouvement d'épaules excédé…

« Joyeux Noël, M'sieurs, dames… t'as pas dix balles… Enfoiré ! »

Dans cette bâtisse, aux courants d'air déclenchés par les portes automatiques, une femme pousse son balai d'un air dégoûté. Elle pense à son pays natal où il fait toujours chaud, où elle n'est pas allée depuis des années. Elle rêve de palmiers, de sable blanc, d'eau bleue et chaude dans cet espace froid où parfois une voix anonyme et désincarnée annonce des choses qu'elle ne comprend pas… Nostalgie, cafard, chagrin…Elle hausse les épaules, désabusée…

Et celle-là, qui avance en protégeant son gros ventre des coups de coude des gens qui ne la voient même pas. Elle se demande où elle va le mettre au monde ce gamin, elle qui n'a plus de toit, plus d'argent pour une chambre d'hôtel qu'on lui refuse partout en raison de son état et de la proximité visible de l'évènement… « Quelle vie ! Mon Dieu ! Dans quel monde égoïste va-t-il naître cet enfant sans père ? »

Ces destins que rien ne rassemble vont se retrouver réunis un moment. Celui-là même où la future maman s'écroule, pliée en deux par les douleurs de l'enfantement, se plaignant à pleine voix avec des « Mon Dieu, Mon Dieu… », dans le tohu-bohu de ces gens qui ne s'arrêtent même pas un instant.

Au milieu de la foule, contre un pilier de métal, ils vont se retrouver tous les trois, la demoiselle de petite vertu, le clodo et l'émigrée, oubliant l'un et l'autre qu'ils ne se connaissent pas, portant secours à cet autre anonyme. Ils sont bousculés parfois par cette multitude qui ne pense qu'à son foie gras, ses huîtres, son Champagne, ses cadeaux, son réveillon qui l'attend. Parce que Noël, ça c'est une fête…. « Mais qu'est-ce qu'ils ont ces trois crétins à embouteiller le passage comme ça, ils ne voient pas qu'ils gênent? » Gros soupir agacé…

Au beau milieu de ce tapage, au moment même où les cloches de l'église se mettent à sonner, où les automobilistes déclenchent un mélange de sons, une cacophonie qui se veut joyeuse, annonçant ainsi la venue au monde du fils d'un Dieu auquel certains ne croient pas ou plus ou si peu. Parce que c'est le moment, parce que c'est l'endroit, vient au monde, pousse son premier cri, un petit garçon, entouré d'un clochard, d'une balayeuse de gare et d'une fille de joie.

Impensable à notre époque direz-vous et pourtant… Seulement…

C'est arrivé il y a deux mille ans et plus et celui qui est né, un soir dans une étable, parce que c'était le moment, parce que c'était l'endroit, n'avait pour se réchauffer, selon la légende, qu'un âne et un bœuf et que ceux qu'ils l'ont vu pour la première fois n'étaient que des bergers, des parias, des hommes de rien, les miséreux de l'époque.

La fille trop maquillée n'ira pas au « boulot » ce soir. Elle a donné son beau foulard de soie et son cache-nez de pure laine pour envelopper le bébé. Son esprit est ailleurs. Elle se souvient d'autres Noëls. Dans son cœur il y a comme une lumière qui l'inonde et elle sourit dans sa joie intérieure.

Le clochard, dessaoûlé d'un seul coup a oublié son litre cassé dans la précipitation. Il a, pour une fois dans sa vie de mendigot, serré la main d'un agent de police qui le félicitait. Il s'en va, avec dans sa tête, l'air de ce vieux cantique « Il est né le divin enfant ». Il regarde, attendri, les marques de dents qui sont à la base de son pouce. C'est quand « elle » a eu le plus mal. Il porte en lui un souvenir lumineux. C'est beau un nouveau né…

La femme de ménage, pardon, la technicienne de surface, a dans le cœur une chaleur, qu'elle n'a plus connue depuis des années et elle pense à ce petit enfant qu'elle a mis au monde. Son sourire éclaire son visage si souvent renfermé. Au fond d'elle-même, à ses propres yeux, elle a retrouvé une dignité qu'elle croyait perdue.

Nous avons, nous aussi dans la Croix Bleue, nos Noëls au cours desquels nos assistons à de véritables renaissances. Elles nous laissent toujours une grande joie au cœur, une chaleur et une lumière. Voir une personne, homme ou femme, faire son premier pas dans la vie avec l'abstinence c'est la preuve matérielle que « c'est possible ». C'est comme un joyeux Noël !

Ces êtres qui ne se connaissaient pas, qui se sont rencontrés par hasard, voient les choses évoluer. Un hasard - mais est-ce bien un hasard ? - a fait que leur vie a changé, que quelque chose a bougé dans leur existence… Qui a dit que hasard est le mot que choisit Dieu pour passer inaperçu ?

Utopie ? Pourquoi ne pas espérer, pourquoi ne pas donner « UN AVENIR A CETTE ESPERANCE ». Un soir de Noël il n'est pas interdit de faire des rêves, même si ils semblent fous, la folie étant de ce monde..

Et si la jolie fille devenait mannequin ? Si la maman trouvait un père à son enfant ? Si le S.D.F trouvait une issue à ses problèmes ? Et si la fille des îles retrouvait son pays, heureuse et comblée ?

Allez, souriez, puisqu'on vous dit que c'est un « JOYEUX NOEL » !

Ce conte a été réalisé par un groupe de participants au week-end à la Roque-d’Anthéron.