N°148
Mars 2005

Le LIbérateur journal de la Croix Bleue

Libérateurs archivés

LES RUPTURES

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N° 147 

Ruptures choisies

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N°144

Rupture acceptée

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N° 141 

Mes ruptures

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Redonner un sens

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Echanges alcool corps

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Entourage

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Témoignages

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Information

  

 

 

EDITORIAL : LES RUPTURES

Vous avez reçu dans la dernière semaine 2004 le Libérateur de 24 pages sur Noël. Ce numéro a été très bien ressenti si j’en crois les nombreux messages de remerciements et de soutien que nous avons reçus.

A ce même moment survenait  une des catastrophes naturelles les plus meurtrières de notre planète en Asie du sud. Les plaques tectoniques qui divisent l’écorce terrestre ont bougé, s’affrontant et glissant les unes sur les autres. La zone située sur les failles ainsi créées est alors exposée aux tremblements de terre. Le 26 décembre 2004, la plaque indo-australienne a plongé d’environ 20 mètres sous la plaque eurasienne. La  terre tremble (magnitude 9 sur l’échelle de Richter). Le séisme  provoque un appel d’eau. L’eau oscille et des vagues gigantesques  (tsunamis) déferlent sur les côtes de l’océan indien. Vous avez tous vu l’horreur des désastres. Une gigantesque opération humanitaire s’est mise en place sous l’autorité des Nations Unies et avec l’aide  de nombreuses associations et ONG (organisation non gouvernementale) afin entre autres d’éviter la propagation  d’épidémies.

La Croix Bleue s’est associée dans certaines sections à cette mobilisation internationale et nombre de membres ont individuellement  participé à cette grande action, par le biais de SMS ou cartes postales par exemple.

On parle de 295 000 morts. Selon l’Unicef, une victime sur trois a moins de 18 ans et de nombreux enfants ont été séparés de leurs familles. Cette souffrance à grande échelle a été étalée sur les écrans de télévision et dans les journaux  la semaine qui a suivi la catastrophe. Elle l’est déjà moins aujourd’hui et pourtant des familles affligées vivent encore la souffrance de la mort ou la disparition de leurs proches. Les  cris, les pleurs, les crises d’hystérie précèdent la phase d’acceptation de la séparation d’avec son conjoint, son enfant ou ses parents, ses  amis. Faire son deuil est primordial pour envisager une reconstruction.

Le numéro du Libérateur que vous allez découvrir apporte des réponses aux douloureuses conséquences de la rupture, ou des ruptures. Rupture avec l’être cher, avec l’alcool. Pour ce dernier, rompre ne suffit pas. Le sevrage et l’abstinence sont des passages obligés vers une métamorphose de notre être, sur le plan physique, psychologique et spirituel. Ce n’est pas toujours simple et réapprendre à vivre sans alcool peut prendre du temps. Chacun de nous, à son rythme, à sa cadence, reprendra goût à la vie et donnera à sa propre vie un sens nouveau.

Ce numéro est accompagné d’un annuaire qui est mis à jour tous les ans. Il vous est toutefois possible d’avoir plus de renseignements sur la section (date, lieu de réunions…) en vous connectant au site Internet de la Croix Bleue qui vient de subir une légère modification : taper maintenant www.croixbleue.fr

Bonne lecture.

Alain Charpentier

 

 

Ruptures subies 

ruptures choisies

La naissance, la mort ; l’union de deux personnes aimantes, le divorce ; l’entrée dans la vie professionnelle, le licenciement et le chômage ; la dépendance à un produit, le désir de vivre libéré, voilà quelques moments de la vie de chacun où interviennent les notions d’un avant et d’un après séparés par une rupture. 

Dans toutes les étapes de la vie, de la naissance jusqu’à la mort, notre existence est remplie d’événements liés à l’éducation que nous avons reçue, à notre propre personnalité, à des habitudes prises, à des désirs, à des interventions extérieures choisies ou non ; soit parce que certains événements sont dans l’ordre naturel de la vie, soit parce qu’ils ne correspondent pas avec nos envies, un changement s’opère, changement commençant par l’abandon de la situation antérieure.

Certaines ruptures ne sont pas de notre propre volonté, ce sont des ruptures que nous subissons. A la naissance, l’enfant va se séparer de sa mère, rupture concrétisée par la coupure du cordon ombilical. La mort est également une rupture entre notre vie sur terre et un au-delà que nous ne connaissons pas.

Cependant ces événements, ces ruptures ne sont pas toujours négatifs ; même subis, ils sont nécessaires pour acquérir quelque chose d’autre. Par exemple, lorsque le médecin coupe le cordon ombilical et qu’il sépare la mère de l’enfant, ce bébé n’est pas responsable de cette intervention, pour que cet enfant  puisse vivre, il est donc impératif que cette rupture se fasse.

Dans l’exemple extrême, même si une certaine peur existe lors du passage entre la vie et la mort, les croyants ont cette espérance en une vie meilleure après la mort.

En parallèle, dans d’autres moments de notre vie nous allons être amenés à opérer des ruptures qui seront le fruit de nos choix, nous serons les promoteurs de ces coupures. Rupture avec un produit, avec des habitudes qui enferment, avec une situation dans laquelle nous sommes mal, rupture consentie, rupture choisie.

Le choix de la rupture va PARTIR D’UN DESIR. Parce que la situation que nous vivons ne nous satisfait pas, parce que nous vivons dans un « mal-être », un refus de la situation présente, nous allons prendre conscience qu’un changement est salutaire. La notion de désir est plus forte que celle du souhait. Le désir est une force de mouvement, d’action, de remise en cause.

C’est une force qui vient du plus profond de nous-mêmes et qui déclenche une envie de changement, un refus de la situation présente.

La rupture est l’ACCEPTATION D’UN ABANDON. Entre un avant et un après, pour favoriser cette rupture il faut accepter que cet avant disparaisse, qu’il ne soit plus un critère de référence pour notre vie future. Même si nous gardons le souvenir de cet avant il ne doit plus influencer  notre avenir. Nous allons repartir sur des bases nouvelles avec des critères nouveaux. Il nous faut abandonner ce qui faisait notre avant et qui nous empêchait de vivre.

La rupture est une PRISE DE RISQUES. Ce qui est avant, nous le connaissons bien et même si nous n’en sommes pas satisfaits il a le mérite d’être connu de nous, tandis qu’à travers la rupture, nous allons vers un avenir que nous ne connaissons pas. Nous avons toujours peur de ce que nous ne connaissons pas, peur du vide, peur du changement. Le fait de s’engager va nous emmener à risquer des expériences nouvelles, risquer de chercher, risquer de se tromper, risquer de se trouver en face de soi. Mais quel moment de joie quand cette prise de risques se concrétise par un mieux, quand ce que l’on devient, c’est ce à quoi on aspirait.

Le moment de LA RUPTURE SE PREPARE. Pour réussir ce passage il faut réunir les conditions nécessaires à sa réussite. Que ce soit matériellement, psychologiquement, intellectuellement il faudra peut-être attendre le bon moment où l’on sera prêt à franchir ce cap. Elle peut se préparer seul ou avec l’aide de personnes, de structures qui vont être un appui dans notre désir, dans notre motivation.

Les AIDES. Pour une rupture sont souvent nécessaires. Nicolas SHÖFFER, philosophe, a cette définition de l’aide pour une rupture : «  L’intervention opportune d’une force extérieure ou d’une énergie formulée, si minime soit-elle, peut provoquer la rupture à condition d’être communicable et diffusable.

C’est-à-dire que la force ou l’énergie formulées en propositions concrètes, dans un langage nouveau et au moyen d’une technique inédite, entre d’emblée dans le circuit du contexte humain en éliminant rapidement les vestiges du phénomène précédent ».

Cette définition, mise dans notre langage, nous renvoie à l’accompagnement proposé par la Croix Bleue, dans la rupture avec le produit alcool et avec un mode de vie que nous ne supportons plus.

L’intervention extérieure dans un contexte souvent passionnel ou conflictuel, est souvent bénéfique car elle permet d’extérioriser les problèmes. Mais cette intervention se doit d’être claire et à la portée des personnes qui sont rentrées en contact avec nous. Partant de situations concrètes, il nous faudra donner des réponses concrètes avec la conviction forte en nos paroles.

Par notre témoignage du possible, nous permettrons à chacun de s’approprier la démarche et d’entamer cette rupture. Rupture avec le produit mais également ruptures avec des habitudes, des liens qui enferment, pour aller vers autre chose : une vie future complètement différente de celle passée.

Pierre Dunat - 5 octobre 2004

 

 

 

De la rupture subie 

à la rupture acceptée 

Peut-on choisir son type de rupture ? Oui quelquefois ; elle est alors désirée, préparée. Rompre avec l’alcool alors qu’on a rien demandé est-il aussi douloureux que rompre en amour lorsqu’on le subit ?

L’amour est un sentiment extrêmement intense. Il nous procure nos plus grands bonheurs, nos plus grands rires et nos plus grandes émotions, mais aussi nos plus grandes peines. Ainsi la rupture est une épreuve très difficile à vivre.

Quand les conflits sont devenus trop nombreux et que la haine a pris la place de l’amour, l’irréparable n’est pas loin. Les deux personnes regrettent cet état de fait, en sont affectées, et pourtant comme des adultes responsables ils  se mettent d’accord sur la fin de leur relation. La rupture est alors acceptée.

Mais il peut arriver que l’un des partenaires refuse la réalité pourtant criante de l’impossibilité d’une vie commune et sereine. Peut-être celui-ci se complait-il dans ce type de relation conflictuelle ou bien la rupture proposée par l’autre sonne-t-elle trop comme un abandon, un échec sentimental ? Se faire plaquer alors qu’il y a encore de l’amour (à sens unique), se sentir trahi, trompé, fait souffrir et risque d’entraîner un mal-être, un dégoût conjugués au désir de reconquérir l’autre. Celui qui est en désaccord avec la décision de rompre de l’autre est en pleine souffrance. S’il veut vivre ou survivre il lui faudra bien pourtant tourner la page.

La rupture avec l’alcool (sevrage) peut être comparée à la rupture amoureuse. Le sevrage est aujourd’hui réalisé dans de meilleures conditions d’assistance chimique offerte au malade qu’il l’était il y a seulement quelques décennies. Mais mon expérience me pousse à penser que, selon l’état d’esprit du malade dépendant de l’alcool, les conséquences du sevrage seront différentes.

Mes premiers sevrages furent des moments atrocement douloureux. Hospitalisé en psychiatrie à 25 ans par la volonté de mon employeur, je n’avais jamais entendu parler de la dépendance à l’alcool. C’était pour garder mon emploi. Subissant passivement des cures de dégoût (pour établir  une aversion à  l’alcool) et les piqûres chauffantes (au sulfate de magnésium), je me suis senti humilié et (ou) puni. Au bout de quelques jours je me rappelle avoir perdu pied et partir inéluctablement dans une sorte de coma : des souvenirs confus d’araignées et de serpents sur moi, sur les murs. Je  me suis réveillé quelques jours plus tard, seul dans une cellule à la lumière artificielle, avec un matelas, à même le sol. Je venais de vivre mon premier delirium tremens. J’ai vite refait surface. Je n’ai pas réalisé à ce moment-là (mais me l’a-t-on dit ?) les risques graves que je venais de surmonter.

Reparti très vite dans l’alcool, j’ai été licencié. Reparti très loin dans l’alcool j’ai été réhospitalisé. Mêmes histoires, mêmes douleurs, mêmes conséquences. Je sens le délire arriver. Encore quelques jours dans les vapes et me revoilà frais et dispo pour reprendre ma "vie de patachon". Un médecin me prévient quand même que le delirium peut avoir des conséquences irréversibles, entre autres : la mort.

Je galère de plus en plus : plus de boulot, plus de voiture, plus de vie de famille. Une petite lueur au fond de moi me laisse espérer qu’une vie autrement est possible. Je commence à entendre. Je demande à être hospitalisé à Thouars, où des membres d’une Association d’entraide sont soignants. Ils sont déjà venus me contacter chez moi. Une alchimie faite de remèdes et de chaleur humaine m’aide alors à supporter le sevrage. Je me sens écouté, considéré. J’ai confiance dans la qualité des soins, dans mon éventuelle réussite, et ne crains pas le delirium. La guérison dépendrait-elle de la qualité relationnelle que le thérapeute établit avec son patient ?

Petit à petit je reprends des forces physiques. A nouveau je lis, j’écris, je dévore la vie. Je trouve du travail en région parisienne. Pour la première fois je décide de rencontrer un groupe d’anciens buveurs  : par hasard c’était la Croix Bleue. 20 ans après j’y suis toujours.

Que penser de cette expérience ? Pouvons-nous en tirer des conclusions ? Pensez-vous aussi qu’une rupture, si elle est choisie est plus facilement acceptable ?

A la Croix Bleue, nous rappelons, dans nos groupes de parole, qu’il est plus prometteur et plus bénéfique de se prendre en main, pour soi-même, et non pour autrui (employeur, médecin, famille). De sa propre guérison, jailliront alors des conséquences que l'on ne mesure pas quand on est dans la rupture. Seul l'avenir le dira.

Alain

 

 

Mes ruptures

Dans nos vies nous sommes amenés à vivre toutes sortes de ruptures et parfois même nous les accumulons en un laps de temps très court : des ruptures affectives multiples dues à une séparation et au grand changement de vie qu’il occasionne ; un deuil avec toute la souffrance que cela représente.

J’ai vécu cela ; et j’ai  aujourd’hui  le sentiment  de m’être remise sans trop de dommages de la séparation, avec à la clé  deux déménagements, une mutation, un changement de vie,  de décor, d’amis etc. la liste est longue.

Il semble que le deuil soit plus difficile.

Vivre après l’être disparu m’a alors paru insurmontable.

Plus rien n’avait de sens. Je pensais qu’il me faudrait disparaître aussi pour ne plus souffrir et que seule la mort pourrait me rapprocher de lui.

Et pourtant huit mois après sa disparition je suis encore là. J’ai dû me laisser du temps pour franchir bien des étapes.

Les étapes de la fin de vie.

Le déni, la révolte, le marchandage, la déprime et l’acceptation.

Etapes que j’ai dû franchir avec lui en seulement deux jours.

Deux jours pour comprendre ce qui arrive (annonce du diagnostic), décider de la marche à suivre (fixer les limites de l’acharnement thérapeutique) et accepter l’inacceptable.

Deux jours pour lui dire combien je l’aime, pour capter les messages qu’il veut me laisser, pour l’embrasser une dernière fois.

Deux jours à lui tenir la main et le regarder sans relâche en attendant l’inévitable et redouté dernier souffle.

Le grand choc.

L’émotion fut si grande et brutale qu’elle m’a maintenue en état de choc, engourdie, comme déconnectée, dans une sorte de seconde dimension qui m’a tenue à l’écart de la douleur ; mais cet état fut si bref.

Puis il a fallu s’adapter.

La rupture par la disparition physique.

J’ai cherché sa présence dans ses objets, dans les odeurs de ses vêtements, dans les photos.

Je m’installais à sa place à table, à son ordinateur.

Dans sa voix enregistrée dans le répondeur…

J’étais à la recherche de l’impossible. Il fallait apprendre à vivre sans sa présence.

La rupture par le reproche.

Pourquoi est-il parti ? Pourquoi a-t-il baissé les bras ? Je lui en voulais de me laisser seule.

La rupture avec soi.

Je n’ai pas le droit de lui en vouloir, c’est injuste et indécent et tout le reste.

Les blessures de la vie ancienne non refermées, les travaux inachevés, les promesses et les projets qui ne verront pas le jour.

Tous les partages que l’on n’aura pas, tout ce qu’il ne saura jamais de ma vie, mes peines et mes joies à venir.

La rupture avec ma vie d’enfant, l’affection qu’il me donnait, son soutien quotidien, sa compréhension, son amour inconditionnel et l’illusion que mon père, cet immortel,  serait toujours là pour moi et avec moi.

Tous mes repères se sont effondrés et envolés avec son âme.

La dernière étape est celle de la reconstruction et là tout reste encore à faire.

Je suis dans un moment où j’ai fini par accepter de vivre avec lui autrement.

Il vit dans mon cœur et mes pensées. Il est présent d’une autre manière et la douleur s’estompe. L’amour ne disparaît jamais.

Ces quelques lignes sont sans aucun doute le signe d’une guérison qui s’annonce !

Une rupture est toujours douloureuse.

Pour en sortir nous passons par des étapes plus ou moins longues, selon les individus et leur histoire.

Mais il faut y croire.

Il n’y a  pas d’obstacle insurmontable.

Nous avons tous en nous la faculté de nous adapter, de rebondir et de dépasser nos souffrances.

J’ai perdu bien des choses dans ma vie, mais il me reste les souvenirs, l’espoir d’une vie meilleure et l’envie de la vivre.

                                                                                                          Catherine Lagarde

 

 


Après la rupture avec l'alcool

redonner un sens à sa vie

Personne ne me contredira, je pense, si j’affirme que pendant la période de dépendance alcoolique la principale chose à nos yeux était de pouvoir consommer librement de l’alcool. Le besoin d’alcool primait sur les autres considérations et sur la considération des autres. Nous n’hésitions pas dans ces moments de besoin à fouler aux pieds toutes sortes de valeurs acquises par notre éducation. Certes, dans les périodes de lucidité, de plus en plus rares, il nous arrivait de reprendre contact avec les réalités de la vie, de sentir ressurgir au plus profond de nous-mêmes des sentiments de culpabilité et des besoins de se faire pardonner ; et dans ces moments là, très fugitifs d’ailleurs, nous avions fortement envie de retrouver une sorte de propreté en nous et autour de nous. Nous avions besoin de nous racheter, de nous faire pardonner et nous étions souvent prêts à toutes sortes de compromissions pour retrouver la considération des autres, l’estime des autres, le sens réel de notre vie. Mais cela ne durait guère : juste le temps de rester avec l’envie de ne pas réamorcer la pompe alcool ou autre produit.

Maintenant que nous avons rompu avec l’alcool il nous faut retrouver ce véritable sens et l’appliquer dans la conduite de notre vie car cela va nous permettre de retrouver toute notre dignité de femme et d’homme ayant une place importante à tenir dans la construction de la société dans laquelle nous vivons. Mais il n’est pas facile de perdre les mauvaises habitudes contractées pendant la période d’alcoolisation. Il y a tout un travail à faire en soi, sur soi et autour de soi. Et c’est ce travail qui va conditionner notre réussite dans l’abstinence totale et définitive. Nous voyons que c’est important car de cela dépendent la qualité de notre vie ainsi que celle des nôtres d’abord, et de celle des autres qui nous entourent ensuite.

C’est pourquoi il est bon de faire avant tout le point sur sa vie, sur ses possibilités sur ses moyens. Savoir où on en est et où on veut aller et quels sont les moyens dont on dispose.

A ce sujet il serait bon de méditer sur cet extrait du livre de Michel Hubaut dans « Les chemins du silence » :

«  C’est tout d’abord au niveau du dialogue intérieur avec lui-même que l’homme tente de lire et de comprendre son histoire, son passé, son présent et ses projets, qu’il tente d’analyser ses succès et ses échecs, ses rêves et ses déceptions, ses joies et ses tristesses, bref d’unifier sa vie dans la durée, sous peine d’être un bouchon poussé au gré des vagues successives du temps qui passe. Dans le silence de sa conscience, s’instaure un débat intérieur à plusieurs voix d’où jaillira son choix, ses décisions. Lieux privilégiés où s’exerce sa liberté. Débat entre le meilleur et le moins bon de lui-même, avec les valeurs auxquelles il adhère ou qu’il refuse. Lieu où il essaie de déchiffrer son propre mystère, sa véritable identité et son destin. »

Oui, ce travail sur soi, la personne libérée de sa dépendance pourra le faire grâce à sa liberté reconquise, grâce à sa lucidité retrouvée. Certes ce n’est pas facile mais l’enjeu est de taille !

Si je parle de difficultés après la rupture avec l’alcool ce n’est pas pour  décourager celles et ceux qui ont décidé de franchir le pas de la rupture mais au contraire pour les rendre vigilants et attentifs car ces difficultés existent réellement et il serait malvenu de les cacher, de les taire.

En effet ce n’est pas parce que l’on dit un jour «  c’est fini j’arrête de boire » que tout va aller mieux d’un seul coup. Il ne faut surtout  pas oublier que le passé nous colle à la peau et qu’il nous faut le régler, qu’il nous faut l’assumer, qu’il nous faut le dépasser si nous ne voulons pas être dépassés par lui, si nous ne voulons pas être écrasé par lui. C’est la loi de la vie car même celles et ceux qui n’ont jamais été dépendants de l’alcool éprouvent des difficultés pour bien mener leur vie, pour donner un sens positif à leur vie. N’oublions surtout pas que la vie est un combat. Un combat journalier qui nous permet toutefois d’avoir accès à des joies et à des satisfactions profondes si l’on sait un tant soit peu les découvrir, les apprécier et les utiliser pour mener à bien ce combat de tous les jours ; un combat enrichissant qu’il nous faudra mener avec d’autres.

Certes nous ne sommes pas tous égaux au départ, certains me direz-vous, ont plus de chance que d’autres, certains ont plus de moyens que d’autres ; les inégalités existent, il faut en convenir et il faut faire avec, sans toutefois se résigner. Et vous le savez, le fait de consommer trop d’alcool  ne fait qu’accentuer ces inégalités.

Lors de la rupture il y a un vide qu’il nous faut combler non pas en se tuant au travail mais en vivant mieux, en vivant en harmonie avec nous-mêmes et avec les autres.

On parle souvent de guérison dans la Croix Bleue et c’est vrai que lorsqu’on se sent bien à nouveau dans sa peau sans avoir besoin de consommer de l’alcool on peut dire que l’on est sur le chemin de la guérison. Etre guéri pour moi ne signifie pas que l’on peut consommer à nouveau de l’alcool mais au contraire signifie que l’on peut à nouveau vivre les bons et mauvais moments que la vie nous apporte sans avoir besoin de recourir à l’alcool.

Mais je pense qu’il est important avant tout de redécouvrir les vraies valeurs qui donnent un sens à notre vie, un nouveau sens à la vie.

Pierre Salingue

 

 

 

L’entourage : pour ou contre la rupture ?

La réponse semble évidente : qui souhaiterait que son voisin, son ami, son fils, son conjoint alcooliques le restent toute leur vie ?

Ce n’est pas si simple. Selon le Docteur Lionel Bénichou l’alcoolisme est d’ordre bio-psycho-sociologique. Une fois libéré physiquement et psychologiquement de sa dépendance, l’alcoolique guéri doit retrouver sa place dans son environnement social et familial et ce peut être un parcours long, pénible et parfois décevant.

Il se heurte d’abord à ceux qui ne croient pas à sa guérison – les inconditionnels du « qui a bu boira » - et qui vont le tenter, essayer de le faire trébucher : « un verre, ça ne peut pas te faire de mal puisque tu es guéri », en ignorant, ou peut-être en espérant, que ce verre sera fatal, ce qui leur donnerait raison ;

Il se heurte ensuite à ceux qui envient secrètement le courage et la persévérance de celui qui est parvenu à s’arracher à sa dépendance et qui vont aussi, par jalousie, les inciter à la reconsommation.

De toutes façons, la rupture perturbe l’entourage, même s’il est bienveillant. Ainsi, le beau-frère de Bernard, buveur modéré, ne voulant ni tenter Bernard ni renoncer à son apéritif allait le boire discrètement dans la cuisine.

La rupture provoque donc une relation trouble avec l’ancien buveur : on n’ose pas, on marche sur la pointe des pieds, on a peur de le blesser, de faire des maladresses.

C’est souvent l’attitude des collègues et des amis. Mais on devrait pouvoir compter au moins sur le soutien familial pour consolider sa rupture. Or, ce n’est pas toujours le cas.

A la suite de plusieurs ruptures et reconsommations Solange avait perdu la confiance de sa famille. Il lui a fallu près d’un an pour regagner la confiance de sa famille proche et davantage pour sa famille plus éloignée et ses collègues de travail.

Cette dernière constatation peut induire au pessimisme, mais à la Croix Bleue ne dit-on pas qu'il y a un avenir pour cette espérance ?

Monique Schneider

 

 

Quels échanges entre les boissons alcooliques et le corps humain ?

Dr Lionel BENICHOU

Quand le poids des soucis accable un être humain il lui arrive pour exprimer sa peine d’utiliser une image qui parle fort de son corps : « J’en ai plein le dos », proteste l’accablé… C’est une métaphore, mais Il peut effectivement ressentir une douleur dorsale diffuse accompagnant une tension musculaire entretenue par des attitudes vicieuses dont il n’a souvent aucune conscience et qui traduisent son repli sur lui-même…

Voilà un exemple classique de somatisation dorsalgique… (algie = douleur) L’être humain en question finit par ressentir le « poids » de ses soucis comme s’ils étaient matérialisés dans son corps par de la matière pesante et générant authentiquement mal au niveau de son dos. Le pire des commentaires serait de faire appel à la volonté pour supprimer le symptôme douleur-de-dos. Quand l’accablé gémit : « J’en ai plein le dos » l’entourage est souvent tenté de répondre : « Tu l’imagines, il faut te secouer !… » Comme si les soucis qui accablent le dos allaient se détacher et rester sur le bord de la route de la vie…

Il y a différentes options de traitement pour délivrer le sujet de sa souffrance :

L’aider à traduire en mots ses maux de dos dans l’évocation parlée de son histoire de vie… C’est le domaine des psychothérapies auxquelles on peut rattacher les techniques d’apprentissage de conduites utiles à la vie quotidienne (thérapies cognitives, affirmation de soi…) 

On peut aider cette personne à se décontracter par une prise de conscience de son image corporelle et par une maîtrise apprise de cette image. On vise ainsi à désamorcer le cercle vicieux soucis-douleurs : c’est ce que visent les techniques de relaxations.

Les médicaments remboursés par la Sécurité Sociale… Par exemple les benzodiazépines : principaux tranquillisants utilisés  par la médecine qui vont dans le meilleur des cas « gommer » le symptôme somatisation-douleur-de-dos. En général, si l’usage de ces médicaments tranquillisants est isolé sans aucune des aides non-médicamenteuses décrites plus haut, l’effet est souvent transitoire....

Enfin il y a des produits fournis par la nature depuis des millénaires, produits devenus marchandises légales ou illégales selon les cultures. Leur dénomination savante est « psychotropes ou psychoactifs » ou encore « modificateurs d’états de conscience… »

Comme les produits vendus en pharmacie (les psychotropes-médicaments) ils agissent dans l’intimité des messages qui se transmettent de cellule à cellule au sein du système nerveux pour gommer la douleur, calmer l’inquiétude ou comme le disait joliment Sigmund Freud : « briser les soucis : Die Sorgenbrecher… »… Ce sont des produits que les êtres humains utilisent depuis la nuit des temps et qui fonctionnent comme socio-transmetteurs, comme lubrifiants sociaux car ils sont souvent et depuis très longtemps associés aux rites de la vie sociale ( « À ta santé !… À la tienne ! …») , Ces produits n’aident pas les gens à résoudre en profondeur leurs problèmes angoissants ou douloureux, mais ils peuvent les placer entre parenthèses… En attendant mieux… Ou pire…

Les boissons alcooliques font partie de ces produits « parenthèse » et vont permettre aux individus de somatiser leurs problèmes autrement grâce aux manipulations nerveuses induites par l’alcool contenu dans nombre de boissons populaires et traditionnelles associées à la fête (« Hier soir, j’ai fait la fête » signifie en clair « Hier soir, j’ai bu abondamment des boissons… alcooliques»).

L'alcool et le corps humain (ou les somat-alcoolisations).

Les levures (qui sont de très petits champignons) se nourrissent du sucre des fruits mais rejettent un fragment de la molécule de sucre qu’elles ne peuvent digérer… Ainsi naît l’alcool éthylique. Cette découverte de la fermentation, date de quatre millénaires au moins…

L'alcool éthylique se mélange à l’eau en toutes proportions et solubilise au passage de nombreuses substances (les congénères) qui vont entrer dans la composition des boissons et les rendre attractives au goût (plus de 250 congénères en matière de vin…). Certains d’entre eux sont bénéfiques pour la santé et servent d’alibi à la présence de leur solvant alcool dont le corps peut tolérer sans dommage de faibles quantités : 20 à 30 grammes par jour  avec un jour sans alcools par semaine (dit l’OMS) chez le consommateur sans problèmes. Comme la santé publique ne connaît pas la notion de parité, mais connaît celle de l’inégalité des risques… Les 20 grammes concernent les consommatrices…

Une fois évadées du tube digestif par la veine porte, les molécules d’alcool sont détruites au passage par le foie… À condition qu’elles ne soient pas trop nombreuses… Sinon elles vont faire le grand tour de la circulation sanguine… Ce qui va les mener partout dans le corps, y compris dans le cerveau où elles vont en perturber le fonctionnement dans un sens qui peut être utile à la lutte du buveur contre l’angoisse, la déprime, la peur des autres, la crainte de l’avenir… L’alcool, fidèle à sa réputation, joue son rôle de « briseur de souci » en atténuant la lucidité du buveur et en le rendant euphorique.

Bien entendu, si l’apport d’alcool faiblit ou se tarit, le désalcoolisé se retrouve la plupart du temps de nouveau confronté à ses difficultés initiales, en général aggravées… Alors, à ses yeux, la seule bonne solution semble bien se « somalcooliser » à nouveau…

Hélas, pour obtenir le retour de l’armistice alcoolique il faut s’alcooliser de plus en plus car le corps augmente sa tolérance et ne réussit à tirer des bénéfices de l’alcoolisation qu’avec des doses de plus en plus fortes de produit… qui, hélas, sont chez les hommes socialement favorisées par les idées reçues : Entre copains qui « sortent », on admire celui qui « sait boire » celui qui « tient  bien » l’alcool…

Les somatisations du manque (de la rupture avec les alcoolisations).

Et si l’alcool venait à manquer ? Si l’alcoolo tolérant arrête ou réduit les apports d’alcool, un état de sevrage critique peut éclater. En l’absence de soins, le sujet peut y risquer la vie… Le corps de l’alcoolo tolérant est devenu en réalité alcoolo dépendant.

Les somatisations du manque sont intenses. Peuvent se succéder crises de sueurs, tremblements incontrôlables, crises d’épilepsie, délire hallucinatoire avec perte des repères. Le malheureux est transporté dans un monde de visions effrayantes peuplées d’animaux répugnants : le delirium tremens : le délire tremblant n’est jamais peuplé d’éléphants roses mais plutôt de cafards, de rats ou de chauves-souris…Ce délire de rêve traduit une maladie du cerveau alcoolisé provoquée par le manque d’alcool. Le cerveau est devenu à la fois malade du « trop d’alcool » et malade d’une rupture du rythme des alcoolisations. 

Les alcoolopaties (ou somatisations du "trop").

À la faveur du trop d’alcool qui perturbe l’ensemble des organes du corps se développent des maladies dont certaines, comme la cirrhose, sont devenues pour le grand public, exemplaires de la maladie alcoolique. Le foie souffre, certes, mais aussi le cœur, l’estomac, le pancréas, la peau, le cerveau… Pratiquement il n’y a pas d’organes qui puissent échapper à une intoxication alcoolique favorisée par une augmentation monstrueuse de la tolérance du corps. Ce qui fait que l’apport d’alcool n’a plus de limite corporelle. Il n’y a plus de « fusibles » comme l’ivresse profonde pour interrompre l’escalade des alcoolisations.

C’est ce qui rend la démarche thérapeutique solitaire si difficile. Les malades alcooliques ont besoin des autres pour aborder les ruptures thérapeutiques tout en étant eux-même les décideurs actifs de leur délivrance. « On ne soigne pas un malade alcoolique… On l’accompagne dans sa démarche… Il se soigne… », constatent les soignants lucides de leurs limites.

Si la rupture des alcoolisations (le fameux sevrage) est un outil obligé de la reconquête de soi en matière de traitement des alcoolismes, on sait maintenant que le traitement des conséquences, maladies des ruptures de toutes sortes est indispensable. Elles sont souvent camouflées derrière le masque du problème d’alcool. Il est nécessaire de les démasquer, car elles sont pratiquement la règle chez les grands buveurs et les soignants doivent les rechercher de parti pris.

Parmi ces maladies, les états dépressifs sont fréquents et parfois difficiles à identifier. Rappelons que les alcoolisations peuvent jouer un rôle d'emplâtres sur ces états… mais qu’elles peuvent elles-mêmes en favoriser l’apparition pour des raisons pharmacologiques. Les alcools sont des poisons-médicaments (pharmakon disaient les Grecs) et peuvent induire ou réveiller des dépressions par leur action biochimique sur le système nerveux. 

Chez les malades de l’alcool, les alcoolisations sont devenues autant de pièges qui enferment le sujet dans une prison de dépendance. Le piégé peut s’en sortir à condition de se faire aider et de changer ses valeurs culturelles. Renoncer le plus lucidement possible à utiliser les boissons comme psychotropes, comme anti-angoisses, comme anti-déprime se trouve facilité grandement par l’aide d’anciens consommateurs qui connaissent le chemin pour l’avoir parcouru…

Mais comme disait Kipling : « Ceci est une autre histoire… »

Dr Lionel BENICHOU

 

 

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TEMOIGNAGES

Comme beaucoup de personnes, j’ai voulu découvrir l’alcool par le biais d’un entourage très proche. J’ai touché à cette drogue dure dès l’âge de 19 ans pendant mon service militaire. Je ne connaissais pas les tentations de la prise de boissons alcooliques. Mon premier verre fut la fameuse boisson anisée alcoolisée que la plupart des gens s’offrent en apéritif. A cet instant je n’étais déjà plus dans mon état normal mais je n’ai pas renoncé pour autant. Alors déjà l’alcool prenait le pas sur ma vie au quotidien. Et comme beaucoup je ne buvais que les fins de semaine à doses minimes. Aussi je fréquentais des personnes prises par la boisson alcoolique. Au fil des jours, mes doses devenaient de plus en plus conséquentes mais je ne m’apercevais pas que j’avais franchi la barrière.

Quand tout d’abord je me suis trouvé en maison de repos, mon médecin m’a annoncé que j’étais malade. Malade de quoi ? « Oui, vous êtes alcoolique ». Je ne voulais pas tomber malade, mais je ne faisais rien pour. Alors il aurait peut-être fallu savoir que l’alcool tuait des milliers de personnes et pourquoi pas moi ? Lui ? Elle ? Eux ?

J’étais un piégé de l’alcool. Je buvais énormément diverses boissons alcooliques quand l’occasion se présentait, mais très souvent en fait… Un prétexte, un mensonge, une invitation. Etant atteint en parallèle de tétanie, il m’a fallu gérer les deux états. Je n’ai pu me confier pour parler de mon mal-être et mal de vivre. J’étais un mort-vivant. De crises d’éthylisme en paralysies, j’ai été sermonné et bousculé par un spécialiste. Aussi j’avoue que j’ai eu peur de son annonce d’une mort certaine et pouvant être proche.

Mais alors vivre pour qui ? Mais pourquoi ? Je pensais arrêter de boire. Comment résister à la prise du verre qui fait du bien mais aussi du mal ?

Un jour, vidé, j’ai mis dans le même panier des petits papiers sur lesquels étaient écrits le bon et le mauvais, le pour et le contre, le positif et le négatif. Par l’écriture et la réflexion, je me suis aperçu que je ne retirais que le meilleur. Quand je m’énervais, je mettais tout sur le compte de la société, de mes parents alcooliques, de ma misère, de mon placement à l’Assistance publique, de mes proches. Mais il faut savoir qu’on est seul responsable puisque adulte.

Pour concrétiser mon abstinence, je vous confie que le 5 mars 1983 en remontant la rue de la gare à Ars-sur-Moselle, j’étais à bout, mal, malheureux, trop atteint, susceptible de ne pas passer le cap des 35 ans, sursitaire sur le plan du logement et dans mon activité professionnelle. Alors je n’ai pas changé mes habitudes. Je suis entré dans le bar, j'ai refusé la bière déjà servie et ai commandé un diabolo orange. En sortant, je ne prenais pas encore conscience que je faisais un grand pas vers la liberté. Je me posais la question : « Es-tu capable de faire la même chose demain ? » Je n’en étais pas sûr. La peur, l’angoisse, les tripes serrées, je remontais cette rue et sans alcool. Je rentrais et ressassais toujours le même refrain : 

« Libre, tu es libre, tu dois le rester. ». 

Depuis cette date je n’ai plus retouché à cette drogue. L’alcool ne fait plus partie de ma vie depuis plus de 21 ans. J’ai fait le meilleur choix dans ma vie contre tout le monde.

Ma compagne fréquentait les réunions de la Croix Bleue avant notre rencontre et c’est ensemble que nous assistons maintenant à toutes les réunions et manifestations de l’association. Nous nous sommes engagés à la Croix Bleue pour optimiser notre abstinence et  sommes, depuis Noël 2003, membres actifs. Nous sommes fiers et heureux de faire partie d’une section où l’on rencontre de véritables amis. A notre tour, nous sommes prêts à tendre la main aux piégés de l’alcool et nous souhaitons qu’eux aussi comprennent comme moi ce que veut dire liberté.

William - 50 ans

Section de Ribeauvillé

 

 

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Témoignage d’une famille qui réapprend le bonheur…

Boire !

Que de déboires.

Pour la famille…

Aucun espoir.

Surveiller, épier, sentir

C’est notre vie.

La joie de vivre des enfants ?

Les entendre rire ?...

Aucun souvenir !

Pleins de promesses

Tenues juste un trimestre !

Il veut y croire, le crie très fort

Mais ce poison est bien plus fort !!!

A la maison, l’indifférence

Se met en place.

Il vit au milieu de nous, autour de nous

Mais plus avec nous.

Un autre visage, un autre caractère

Et là, on désespère.

Mais on veut le retrouver

On veut encore essayer.

Nos sentiments sont juste enfouis,

Rien n’est perdu, rien n’a péri.

Puis comme un déclic,

Il ouvre les yeux

Et entre à la Croix Bleue.

Tout le monde est là

Pour l’accueillir et le soutenir.

Ne plus boire ! Y croire !

Plus de déboires !

En famille, on revit !

On se reconstruit !

Cette personne qu’on ne reconnaissait plus,

A qui on ne parlait plus,

On la redécouvre, on lui redonne tout notre amour.

 

               Et je dirai même 

 On l’aime.

Florence et Thierry

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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L'humilité

 

Pour voir le jour se lever sur l'espoir d'une vie meilleure, une vie sans alcool, la seule solution c'est de prendre conscience que tout notre être est pris au piège par ce maudit produit. Une lente mais sûre descente aux enfers.

Je vous livre un morceau de mon parcours :

Humble, je suis devenue…. J'ai compris, le nez hors de l'alcool, que les problèmes dans ma vie familiale et au boulot, causés toujours par "les autres", je n'y étais pas pour rien… Ma fille aînée avait de gros problèmes au lycée. " Son humeur dépend de la vôtre !" m'apprend le proviseur. Le sous-entendu me fendit le cœur mais eut le privilège de m'ouvrir les yeux…. Sans moi évidemment rien n’allait, j'étais convaincue que j'étais le centre de mon petit monde. En fait mon problème prenait tant de place que toute la famille était avalée dans la spirale insidieuse… Non, en fait, c'était l'alcool qui était au centre.

Petit à petit, à la Croix Bleue, sur le chemin de l'abstinence, je réalisais l'étendue des dégâts…

Petite je me suis faite, car grande était ma détresse…Mon mari m'a quittée. Mais c'est dans le regard confiant de mes filles, la confiance de mes amis que j'ai appris à redevenir un être debout. Aujourd'hui la vie a repris le dessus, mais je n'oublie pas …. Humble je suis devenue…

Chantal Ginoux

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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L'alcool prison

La dureté de la vie

Amène à certaines dérives.

 

C’est cette expérience que j’ai faite

Retour sur une période où

Obscurité d’esprit et alcool se côtoient.

Incapacité seul de m’en sortir.

Xème rechute malgré mon courage.

 

Basculement dans ma vie et puis : L’enfer !

L’incarcération m’ouvre enfin les yeux.

En côtoyant le groupe Croix Bleue,

Une lueur d’espoir s’est levée

Et elle me mène à une vérité.

Frédéric de Montmédy

Lettre d’un détenu du centre de détention de Montmédy que la section de Verdun rencontre toutes les semaines. Il lit assidûment le Libérateur.

L'alcool

Il a bien failli avoir nos vies, en tout cas notre NOUS,

Il y avait toi, il y avait moi et il y avait elle !

La bouteille,

De rhum, le plus souvent,

En semaine rarement,

Une angoisse du vendredi soir,

La peur de rentrer,

L’espoir que la bouteille soit déjà vidée et que tu dormes écroulé.

Un jour encore, une bouteille,

Vidée après une journée d’enfer !

« La dernière » qu’il a dit, il l’avait déjà dit et je n’y croyais plus,

Et pourtant depuis

Un arc-en-ciel de chaque jour !

Je regarde, je doute, j’espère et le temps passe,

Et l’espoir se fait bonheur, réel et fort et dur !

Catt

Section Ribeauvillé

 

 

 

 

 

 

 

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Le bateau ivre c’était moi

Je dérivais de plus en plus souvent et de plus en plus loin… J’ai bien dû constater, un jour, que je n’étais plus maître à bord, et que toute seule, je n’y arriverai jamais. J’étais dans une détresse inimaginable. 

J’ai alors eu la chance d’échouer lamentablement au seul port qui me remettrait peut-être à flots : la Presqu’île. Premier mot d’ordre du « capitaine » Candas * : « On jette l’ancre ». Ce que j’ai fait avec un immense soulagement. Plus besoin de cacher, de dissimuler, j’ai tout laissé tomber en vrac, ma vie comme moi. J’avais enfin le droit de pouvoir tout lâcher, tout vider, d’accepter mon mal-être, et j’ai compris qu’ici si je le voulais vraiment, je pouvais tout remettre en ordre. Je n’étais plus la pauvre naufragée, seule sur son épave. 

L’accueil est chaleureux, mais pas étouffant. Chacune d’entre nous peut trouver sa place. Elle se fait petit à petit, jour après jour, parmi toutes ces filles arrivées elles aussi exténuées. C’est un long et difficile travail qui commence. Tout un travail élaboré par une équipe formidable de personnes compétentes et attentives. 

Le premier mois permet de se ressourcer et de retrouver une hygiène de vie équilibrée. Je redeviens moussaillon : lavage du pont et vaisselle ; mais le plus difficile, c’est la psychothérapie. Il paraît que « cela fait du bien là où cela fait du mal. » : qu’est-ce que je vais être bien ! Même si je ne sais pas encore ce que je veux faire ensuite, je sais déjà tout ce que je ne veux plus. Il faut faire le constat du passé, des erreurs, faire face à la culpabilité et aux remords. Mais c’est un passage obligé si l’on veut avancer. Heureusement qu’avec les filles, si on pleure beaucoup, on prend aussi beaucoup de fous rires. Et je recommence à me regarder dans une glace, je me redécouvre femme, après tout il y a peut-être encore quelque chose à faire de moi ! Je commence à faire des projets, des petits bien sûr, car il ne faut pas aller trop vite, l’embarcation est encore fragile. 

Au deuxième mois, je commence à regarder devant, la vie après et sans l’alcool. Il y a le retour à domicile de quelques jours : test angoissant mais obligatoire. Il faut préparer une sortie dans la baie avant d’affronter le grand océan qui fait peur. L’occasion de tester la solidité des « réparations » de ces derniers mois, car j’étais bien à l’abri dans ce petit monde, bien protégée, des tentations et des grandes bourrasques de la vie, entourée d’amies et d’oreilles encourageantes ! 

Lorsque je suis rentrée chez moi pour cinq jours, j’avais l’impression de sortir de ma coquille et j’étais toute surprise de constater qu’ailleurs la vie avait suivi son cours tranquillement. Cinq jours pour se retrouver parmi les siens, pour faire le point de ce qui va ou de ce qui est encore bien difficile. Mais la frêle embarcation a tenu le coup, ouf ! Et c’est avec soulagement que je regagne la Presqu’île, mon havre de paix pour préparer la dernière ligne droite.

 Commence alors le troisième mois (déjà !) pendant lequel on prépare sa sortie définitive. Il y a moins d’inconnues grâce à la sortie de cinq jours, mais il va falloir faire face à la vraie réalité du quotidien, apprendre à la gérer. Les problèmes laissés à mon entrée au centre sont toujours là et m’attendent à la sortie. Mais j’ai appris et compris beaucoup de choses qui vont m’aider à affronter toutes ces situations tant redoutées. Les choses et les gens n’ont pas changé, seule moi suis différente. De la petite coque de noix bringuebalée dans la tempête de l’alcool, il fallait que je redevienne un bateau costaud. 

Ces trois mois, moments privilégiés et inoubliables m’ont permis de redevenir maître à bord de ma propre vie. Et même si les vents ne me conduisent pas toujours où je le souhaite, je suis armée pour les affronter, car le bateau refait à neuf ou presque a envie de reprendre le large, forte de tout ce que j’ai appris et compris. Et comme on dit souvent à la Presqu’île :

« La vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie. »

Nathalie

* pour les nouveaux venus : la directrice de la Presqu’île, centre de postcure pour femmes, s’appelle Thérèse Candas.

 

 

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L'abstinence ? 

…. Mon choix !!!

Ma vie ressemblait à Hiroshima et mon cœur à Tchernobyl avec le sentiment que je ne serais plus jamais heureuse et que je n'aurai plus jamais de raison d'espérer. Il n'y avait plus de joie dans ma vie, c'était comme une chape de tristesse impossible à secouer ; c'était une déprime insidieuse qui empoisonnait tout, et là, l'alcool a pris la première place dans ma vie…

Aujourd'hui j'ai retrouvé un regard positif sur les choses et j'ai lâché la bride à tout ce que j'avais verrouillé à l'intérieur de moi. Je m'assume pleinement par moi-même en tant que femme, et non plus par l'alcool. J'ai retrouvé confiance en moi, j'ai pris ma destinée en main, c'est moi qui suis au gouvernail, moi seule qui décide du cap à suivre faisant de mon mieux jour après jour.

Je n'ai aucun regret d'avoir dit un "non" ferme à l'alcool et depuis maintenant trois ans et demi je vis une abstinence heureuse. Heureuse car je l'ai choisie de mon plein gré.

"Jamais choix ne fut plus heureux"

Lydia

Section de Ribeauvillé.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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La mise en retraite 

s’accompagne souvent d’une 

modification des comportements 

vis-à-vis de l’alcool

L’étude de S. Hajat et coll. sur la proportion de buveurs excessifs parmi les plus de 75 ans remet en lumière les résultats d’une étude française particulièrement originale, publiée en 2003, portant sur l’impact de la cessation d’activité sur la consommation d’alcool. Ce sont ainsi un peu plus de 5 000 personnes ayant pris leur retraite en 1989 qui ont été observées sur le plan de leur consommation d’alcool. Ces personnes étaient toutes des volontaires pour participer à une étude épidémiologique sur la santé.

 

Les résultats de cette étude se résument ainsi :

  • Durant la vie professionnelle, il existe des disparités socioprofessionnelles dans les habitudes de consommation. Ainsi, quatre ans avant la retraite, les cadres sont 13,4 % à être gros consommateurs contre 17,6 % parmi les agents de maîtrise et 21,1 % parmi les agents d’exécution.

  • Au moment de la retraite, la consommation évolue et il existe des disparités socio-professionnelles dans l’intensité de cette évolution. Ainsi, au moment de la retraite, la proportion de gros consommateurs (plus de 28 verres par semaine pour les hommes, 14 pour les femmes) diminue significativement parmi les agents d’exécution alors qu’elle change peu au sein des deux autres catégories.

  •  Quatre ans après la retraite, il existe toujours des disparités socioprofessionnelles dans les habitudes de consommation. Mais ces disparités ne sont pas les mêmes que celles observées durant la vie active. Ainsi, ce sont les anciens cadres qui comptent la plus forte proportion de gros consommateurs d’alcool : 19,7 % contre 18,6 % chez les anciens agents de maîtrise et 14,9 % parmi les anciens agents d’exécution.

  • Les disparités sociales observées dans les habitudes de consommation sont plus fortes chez les hommes que chez les femmes.

 

Pour les hommes et les femmes, la mise à la retraite peut entraîner une perte des repères sociaux et engendrer secondairement une consommation excessive. 

Chez les anciens cadres, le développement de la consommation dans un cadre festif est largement retenu pour expliquer la progression des gros consommateurs. 

Chez les agents d’exécution qui cumulaient des conditions de travail difficiles, la mise à la retraite est une occasion de réduire la consommation. Toutefois, ces observations ne tiennent pas compte de la survenue des morbidités qui pourraient aussi expliquer en partie le recul des consommations excessives chez certains retraités, notamment ceux dont la consommation aurait été excessive pendant une bonne partie de leur vie active.

Article paru dans Alcool Actualités n° 22 – Nov./déc. 2004 - INPES

 

 

 

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Un numéro pour les portables : 01 70 23 13 13

Appel non surfacturé : coût d’une communication ordinaire.

 
 

' Ecoute cannabis : 0 811 91 20 20

7 jours sur 7

Coût d’une communication locale depuis un poste fixe.

 
 

' Ecoute alcool : 0 811 91 30 30

7 jours sur 7

Coût d’une communication locale depuis un poste fixe.

 
 

Egalement sur Internet : drogues.gouv.fr

 

 

 

 

 

 

 

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Qu’est-ce qu’une consommation modérée ?

Pour l’O.M.S (Organisation Mondiale pour la Santé), un consommation modérée d’alcool se situe à moins de 2 verres par jour pour une femme et moins de 3 verres par jour pour un homme, quantités au-delà desquelles les risques de maladies et de troubles du comportement augmentent sensiblement.

N.D.L.R. - Il n'y a pas de consommation possible modérée pour toute personne ayant été dépendante de cette drogue.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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